Michel Dantin invente un nouvel outil de délation : URBAN PULSE

Il ne suffisait pas que nous ayons plus de 200 caméras publiques (Aix les Bains-Chambéry ), il ne suffisait pas de doubler le nombre des agents de la police municipale, et dépenser des millions € inutilement pour surveiller les citoyens, dans la ville idéale qui nous ait promis, vendu comme le nouveau panoptique numérique. Il fallait aussi que les citoyens soient leurs propres surveillants. Ah ! la belle trouvaille qui ne date pas d’aujourd’hui. Mais aujourd’hui, des Voisins Vigilants (Jacob Bellecombette-Tresserve etc..) au service Sécurité de la Poste (St Alban Leysse) et maintenant en passant par le très chic UBAN PULSE, (Chambéry) application individuelle qui permettra de signaler à la mairie tous incidents que le bon citoyen estimera sortir de la normalité, nous sommes parés pour espionner nos moindres comportements estimés déviants. Comme disait Michel Dantin, Député maire de Chambéry « On n’est pas là pour faire la police. Mais si tel devait être cas, ça ne me gêne pas » (DL) Voilà donc bien le citoyen névrosé adoubé auxiliaire de police. Tout cela ne tombe pas bien entendu du ciel. Cela arrive dans un contexte ou l’état d’urgence est entrée dans la loi commune, où beaucoup de lieux sont depuis 20 ans interdits au public (Vigipirate), où des soldats en armes patrouillent nos rues, où le fichage génétique en masse de la population est en marche (10 millions de personnes si l’on compte le «familial search»), et où la reconnaissance faciale est à notre porte.

Dans ce grand cinéma politique et policier où les corps filmés semblent être les héros, après qu’ils aient été dans la violence et la maltraitante visuelle, de simples objets de la publicité et du marché, il faudrait ajouter à cette liste déprimante, la dépolitisation de la notion de citoyen, la confiscation de l’espace public qui s’accroit de jour en jour. En effet il est maintenant suffisamment documenté, que la présence et la contestation citoyenne dans l’espace public est de plus en plus restreinte quand elle n’est pas réprimée et criminalisée. Ainsi de la surveillance des corps aux contrôles de la rue, le peuple n’en peut plus d’être ligoté. Nous sommes bien là en présence de la fabrication volontaire et systématique d’un discours qui s’impose. D’une Doxa, d’une pensée dominante qui veut nous soumettre.

Comment résister dés lors ? Nous avons des outils à notre portée. Celle que, de tout temps, nos anciens ont forgés. Je pense au pratique du braconnage de “faire la perruque“, à la conquête des espace de friches, interstices urbains, cachés à la vue du contrôle où un jeu relationnel libre peut enfin se déployer. Je pense en particulier à “l’énergie du refus “ chère à Blanchot du temps de la guerre d’Algérie, je pense à “la résistance qui exige un saut » comme le dit Marie José Mondzain. De la croyance en la force de surgissement de l’événement, qui réveille la routine et l’accablement. Il n’y a pas d’autre voie que d’opposer nos corps, et de ne pas douter un seul instant de la puissance collective du corps social et politique du peuple. Si non la sorcellerie capitaliste, nous mène vers une pente, on le sait bien qui fera de nous des prisonniers et des gardiens de camps afin que l’ordre règne.La ville comme un camp. Quand d’autres consommerons, en détournant le regard, jusqu’au déni.

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