Nous rappellerons tout d’abord les circonstances du drame de cette famille israélienne, hyper médiatisée, qui s’inscrit d’une façon emblématique dans l’histoire à la fois de l’oppression coloniale sioniste et de la lutte et la tragédie du peuple palestinien. Nous déclinerons les quatre barbaries qui sont à l’oeuvre dans ce récit dramatique, factuel, événementiel et instrumentalisé. Lors de l’opération militaire, “Déluge d’Al’qsa“, mené par différents groupes de résistances palestiniennes le 7 octobre 2023 (1) et qui se déroula entre autres au Kibboutz de Nir Oz, où la famille Bibas, composé du père (Yarden) de la mère ( Shiri) de deux enfants ( Ariel et Kfir) dont le plus jeune avait 9 mois, va être enlevé et gardé prisonniers à Gaza. Deux de leurs grands-parents seront tués le même jour, ainsi que le massacre de plusieurs dizaines de personnes sur ce Kibboutz.

Alors qu’ils sont prisonniers à Gaza, la mère et ses deux enfants auraient été tués dans un bombardement israélien, en décembre 2023 d’après le Hamas, ce que conteste l’armée israélienne, qui va donner moults détails des atrocités qu’auraient commis les “terroristes“ sur les corps des victimes, malgré la demande expresse de la famille Bibas faite au gouvernement israélien de ne pas communiquer sur ces morts. Le père Bibas (ouvrier soudeur) sera libéré le 1er février 2025. Ce récit et sa diffusion nous semble contenir plusieurs barbaries emblématique de l’histoire de la lutte du peuple palestinien.

La première d’entre elle est sans conteste le rapport de domination qu’inflige l’Etat d’israël au peuple palestinien. Rapport de type colonialiste par excellence où une population, à 90% immigrés, armée d’une idéologie coloniale (le Sionisme), s’empare des terres et des ressources d’un peuple autochtone, occupant son territoire, allant jusqu’à nier son existence même et théorisant ; sa discrimination (apartheid) son enfermement dans des camps de concentration ( Gaza, Cisjordanie, Jérusalem), son projet génocidaire (2023-2025), et cela depuis maintenant 100 ans. (2)

La deuxième barbarie est constituée par l’aide et la complicité des pays occidentaux (Europe, Etats-Unis) dans cette politique coloniale. D’abord pour affaiblir et disloquer (1900-1918) l’empire Ottoman ( Accords Sykes-Picot 1916, Déclaration Balfour-1917) en soutenant la grande révolte Arabe (1916-1918) puis dans un deuxième temps en installant “le peuple juif“ dans son “foyer national“, (1890-1948) afin de créer artificiellement un pays tampon de culture occidentale en plein milieu du Proche-Orient. Cette “verrue “, créer arbitrairement par les puissances impériales européennes, va empêcher que le nationalisme arabe ne débouche sur un panarabisme qui aurait ralenti le pillage des ressources par les multinationales occidentales.

D’autre part, il va instaurer une “entité Juive“ ce qui va permettre de mieux lutter contre l’Islam, ennemi ancestral, qui depuis le XVIII siècle a été construit “scientifiquement“ par le corpus de l’Orientalisme. L’ennemi communiste ayant été éradiqué, l’orientalisme contemporain a réussit sa mue en transformant l’hérétique médiéval successivement; en oriental, en sémite puis en arabe, devenant islamiste pour aboutir aujourd’hui, à l’habit presque parfait du TERRORISTE. En France, nous sommes encore plus avancé, puisque sous la montée d’une tendance “Pétainiste“ (Bayrou-Retailleau) voir fascistes des, Ciotti, Le Pen, l’étranger, l’OQTF (3) et bientôt l’Algérien est en passe de devenir par essence “Le Terroriste“.

La troisième barbarie est constituée, par l’opposition ontologique de tout peuple à son oppresseur. En effet le volonté inébranlable d’un colonisateur d’anéantir tout un peuple, par une violence dénouée de toute humanité pousse le peuple colonisé dans une haine de l'occupant ce qui produit la résistance acharnée des éléments les plus combatifs et les plus radicaux du peuple palestinien. Ils vont se lever et n’auront d’autres choix, protéger par leur peuple, que d'engager une lutte de libération à mort mais aussi d’une façon occasionnelle et exceptionnelle de commettre des crimes et atrocités, afin de créer un choc et enclenchant ainsi une dynamique infernale, mais traditionnelle, du cycle : Résistance/ Répression, alertant par ces actes, les opinions publiques internationales, dans un but de les sensibiliser et de les mobiliser (4) en vue que cesse ce rapport de domination et d'extermination.

L’histoire des guerres de libération des peuples est coutumier de ces stades de violences. Ce qui pour nous, ne renvoie aucunement sur un pied d’égalité les violences du colonisé et celle de son bourreau. Ces barbaries sont toujours disproportionnées. L’une est théorisée, systématisée et appliquée sur plusieurs générations, voir siècle, dans un but génocidaire, l’autre est épisodique et rare. Comme le démontre malheureusement actuellement la mise en place méthodique par l’Etat ethno confessionnel juif d’israël, d’une épuration ethnique, d’une déportation, d’une famine (5) d’une intention génocidaire affichée, du peuple palestinien perpétrée par les armes dûment livrées par les puissances occidentales.

La dernière des barbaries est la médiatisation, la sur-médiatisation audio-visuelle du drame de ces familles israéliennes, dont le monde entier connaît leur nom, leur visage jusqu’à la couleur de leur cheveux et dont leur mort est commémorée dans de nombreuses villes en France. Sur les chaines de télévision, les paroles, les récits, les émotions de centaines de témoins se déversent chaque jour en un flot continue dans les foyers. Cette exposition, est sans conteste émouvante, terrible et légitime. Cependant par sa répétition et son excessive présence, il est clair que nous avons à faire à une instrumentalisation des émotions à des fins de propagande car les émotions constituent le ressort le plus puissant pour la manipulation des publics. (voir note 4)

Mais on ne peut que se questionner de l’absence totale de visibilité des témoignages concernant, les femmes enceintes, les bébés, les enfants, les hommes et femmes, les vieillards palestiniens dont les corps sont torturés, amputés, décapités, démembrés, assassinés par balle, massacrés sous les bombardements depuis maintenant plus de 80 ans et plus particulièrement depuis octobre 2023 Dans nos médias : Où sont leurs visages ? Où sont leurs noms ? Où sont les témoignages de leurs familles ? Où est le récit et l’exposition mondiale de ce génocide ? Où sont nos commémorations ? Où est notre compassion ?

Si ces êtres sont égaux en droits et en dignité, on doit, alors exiger tout comme pour la famille Bibas, les mêmes attentions, les mêmes émois, les mêmes recueillements. Cette orchestration médiatique totalement asymétrique et à outrance sur plusieurs semaines, plusieurs mois, est le dernier volet de cette colonisation médiatique de nos esprits. Elle constitue bien une barbarie. Ce violent déséquilibre symbolique, injuste et dénué d’humanité, mais doubler par des poursuites judiciaires pour toute personne qui ose parler de la résistance et de la tragédie du peuple palestinien, ou plus encore de menace de mort explicite vis à vis de parlementaires de la LFI, ( Marco Koskas) ne peut qu’attiser la colère, la révolte et la haine.

Ces trois barbares sioniste relayée à l’échelle planétaire, est la fabrique principale de l’antisémitisme actuelle (6) Elles sont les pires ennemis pour les juifs du monde entier. Elles constituent l’obstacle premier pour la paix. Elie Korchia, président du Consistoire central israëlite de France, déclarait le mercredi 26 février 2025, à l’hommage rendu à Levallois Perret à la famille Bibas «Ce n’est pas simplement le drame d’Israël c’est le drame de l’humanité. Aujourd’hui se mêlent la tristesse et la colère quand la réalité est déformée». Nous rappellerons à cette personnalité comme au grand Rabbin de France Haïm Korsia, la liturgie juive du Kaddish, qu’ils semblent avoir largement oublié. Prière des morts ou prière à Dieu peut importe, mais dans le “Kaddish des endeuillés“ l’ensemble des noms des morts sont cités ou bien affichés.

Parler, citer ou inscire les 200.000 morts palestiniens morts depuis 2023 (Revue The Lancet) dans l’espace public serait rejoindre la tradition juive humaniste et le premier des respects que l’on doit aux humains et à l’humanité, premier facteur d’apaisement entre les peuples. Le Kaddish se finit toujours par une supplique pour la paix, son chemin passe inévitablement par cette visibilité, cette reconnaissance de la souffrance du peuple palestinien et l’arrêt de celle-ci.

NOTES (1) Le 7 octobre 2023, prés de 3000 combattants palestiniens se réclamant de plusieurs organisations de résistance de la Palestine occupée, dont la plus connue est l’organisation religieuse du Hamas, ont attaqué plusieurs municipalités israéliennes. Le nom de l’opération “Déluge d’Al’qsa“ a été donné en hommage au 110 morts ( Le Monde 5/04/2023) de palestiniens massacré par la police israélienne et des colons sur l’esplanade des mosquées de Janvier à Avril 2023. Le bilan du côté israélien a été de 1180 tués dont 379 appartenant aux forces de sécurité. Notons que des israéliens auraient été tués par sa propre armée (Journaliste Noa Limone /Haaretz) 251 personnes civils ou militaires israéliennes ont été pris en otage et emmenées dans la Bande Gaza. Le bilan côté palestinien est de 1609 morts et 200 prisonniers. Cette attaque constitue aux yeux du droit international un crime de guerre. L’attaque du 7 octobre 2023, dans son déroulé comme dans sa finalité (250 otages) était connu, trois semaines avant, des renseignements militaires israéliens (Unité 8200), sous la forme d’un document au nom de code “Jericho wall“ d’après la télévision publique israélienne et le New York Times. L’hypothèse de la fabrique ancestrale d’un ennemi (“Il nous faut des hérétiques“) par l’Etat d’Israël qui a renforcé ainsi sciemment la puissance du Hamas, et permis le 7 octobre 2023, afin appliquer pleinement son plan génocidaire, est de plus en plus documentée. A ce jour le premier ministre israélien, fasciste et suprémaciste juif, Benjamin Netanyahu, refuse toujours l’ouverture d’une commission d’enquête., on comprend pourquoi.

(2) Petit Florilège: « Je suis une personne d'extrême droite qui croit à la colonisation sur la terre d'Israël…Les objectifs de la guerre sont d'éliminer la menace que représente Gaza pour les juifs. » Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, le 2 décembre 2024, WAFA- Il est qualifié de « criminel de guerre » par le journal israélien Haaretz « Tout lecteur a quelque notion de l'histoire des autres pays d'immigration. C'est pourquoi je lui suggère de se souvenir de tous les exemples qui lui sont connus et de tenter d'y trouver un seul cas de pays où cette immigration se soit faite avec l'accord de la population autochtone. Cela ne s'est produit nulle part. Les habitants autochtones d'un pays (fussent-ils civilisés ou sauvages, cela est indifférent) ont toujours combattu avec acharnement les étrangers venus s'y établir, civilisés ou sauvages. » W.Jabotinsky “La Muraille d’Acier“1923

« Pourquoi les Arabes feraient-ils la paix ? Si j’étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal : nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires d’Israël, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans : en quoi cela les concerne-t-il ? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute? Ils ne voient qu’une chose : nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils ? » Entretien de Ben Gourion avec Nahum Goldman1948 cité dans le livre de ce dernier«Le Paradoxe Juif», p. 12 «Ne nous racontons pas d'histoire... Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent... C'est leur pays, parce qu'ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays.» Discours de David Ben Gourion en 1938, cité dans Simha Flapan, «Zionism and the Palestinians», 1979 «Nous devons utiliser la terreur, l'assassinat, l'intimidation, la confiscation de terres, et la suppression de tous les services sociaux pour débarrasser la Galilée de sa population arabe.» Israel Koenig, «The Koenig Mémorandum»,

(3) OQTF, Obligation de quitter le territoire Français, est une mesure administrative d’éloignement des étrangers. La France est le pays d’Europe qui délivre le plus OQTF. La politique d’immigration depuis plus de 30 ans est une véritable fabrique aux sans papiers. Les gouvernements successifs, l’extrême droite, et les médias dominants (Publics et privées) distillent l’idée ; qu’être étrangers, (surtout venant d’Afrique ou du Proche Orient), être étrangers sans papiers, qui plus sous OQTF signigfie DÉLINQUANT voir CRIMINEL. Quand G.Darmanin, ministre de l’Intérieur déclare que face aux «nombre d’étranger délinquants expulsés...il veut dire aux français que sa main ne tremble pas». Il ne fait qu’instrumentaliser cette question, afin de renforcer sa notabilité à des fins électorales.

(4)Quelques ouvrages - L’opinion et la foule G.Tarde 1901 -La Foule et le public, R.E Park 1908 - Propaganda ou Comment manipuler l'opinion en démocratie E.Bernays (1923 traduction en Français 1928 -Public Opinion 1922 de W.Lippman -Public Fantôme 1925 de W.Lippman -Le Public et ses problèmes J.Dewey 1927 -Propagande, médias, démocratie, Noam Chomsky 2000 -La Fabrication du consentement Noam Chomsky 2008

(5) La députée israélienne Aida Touma a appelé à la création d'une commission d'enquête sur ce qu'elle appelle « une décision d'affamer les habitants de Gaza en bloquant l'aide humanitaire » elle affirme que la coalition encourage le génocide et qualifie Nethanyaou de criminel. Citizen Media Network

(6) D’innombrable voix juives s’élèvent dans le monde pour affirmer cette vérité Citons entre autres : -Gérard Haddad , psychiatre et psychanaliste, qui dans f son dernier ouvrage “Archéologie du sionisme” (2024). Critique le sionisme, le qualifiant cette idéologie de “coloniale” et “antisémite”. Il s’en prend également aux institutions juives françaises, qu’il accuse d’être “le principal moteur” de la montée de l’antisémitisme. -La communauté hassidique de New York qui mobilise régulièrement 40.000 personnes dans les rues de la capitale des USA , affiche sur ces banderoles «  L’Etat sioniste ignore impitoyablement les bases des droits de l’Homme.  »