Chambéry : T.Repentin et Aurélie Le Meur expulsent le centre culturel autogéré;Les Ecuries

La politique du logement aux personnes comme aux associations, utilise toujours la violence de l’expulsion pour renforcer la spéculation immobilière et maintenir la peur. Depuis de trop longues décennies, les citoyens les plus précaires mais aussi les classes moyennes : jeunes, couples, familles monoparentale, familles populaires, ne trouvent pas de quoi se loger dignement et voit leur part du budget consacré au loyer de plus en plus s’augmenter quand leurs revenus ne cesse de diminuer. Chambéry en est l’exemple type, où la spéculation immobilière et locative règne en maître et où les politiques, en charge de la protection des populations les plus touchés, requiert la force armée pour déloger des familles, et provoquer la mort d’un père de famille (Mr Bey en 2018) . La mort d’un homme, sous les coups de policiers, qui occupait illégalement un logement de Cristal Habitat pour au final laisser le logement vide depuis maintenant plus de deux ans, telle est la priorité de ce système. Telle est la politique du capital, qui commande nos élus, en matière de logement, comme en économie. Le capital préfère toujours maintenir des locaux vides, plutôt que les attribuer pour un usage, ce qui contribue à maintenir la pression immobilière. Il préfère détruire des entreprises qui fonctionnent, pour mieux augmenter son taux de profit. Ce système politique et économique ne cesse d’organiser la friche, le vide, la destruction, plutôt que l’usage et l’utilité aux service des citoyens, de collectifs, ou du bien commun.

Il en est de même pour les “locaux publics“ vides, appartenant aux collectivités, qui sont innombrables constituant des espaces, des friches, qui sont sans usage depuis des années voir des décennies ( ex : Château de Boigne). Alors qu’en face nous avons des associations qui développent, avec très peu de moyens financiers, sur un mode bénévole et sans objectif de profit, des activités indispensables à la vie de notre territoire et, qui elles, manquent cruellement d’espaces pour déployer leur savoir faire et accueillir leur public. Si la ville de Chambéry est bien une collectivité qui consacre un montant important de son budget aux associations (10-12 millions d’euros/an), force est de constater qu’elle est incapable depuis plusieurs décennies d’apporter des réponses adéquates à la hauteur de l’évolution de la demande sociale et en particulier face aux nouvelles pratiques sociales, artistiques et culturelles de la jeunesse. La réponse que les élus et leur institutions (Cristal Habitat) mettent en place, est souvent la mise à disposition de locaux avec des loyers prohibitifs, qui aspirent le peu de moyens financiers des associations et les endettent au bout de quelques mois (voir les innombrables expériences qui n’ont pu se pérenniser au Faubourg Montmélian) Dans ce contexte, la nouvelle municipalité (UDI, PS EELV, Mouvement Citoyen) de Chambéry, qui manifestait pendant la campagne électorale des municipales une ouverture d’esprit concernant ces politiques publiques, a comme les précédentes municipalités de “gauche “ (Mandat Laclais) ou de droite (mandat Dantin), pris le parti de la négation de cette réalité.

Mais qui s’étonnera encore que des élus fassent miroiter des programmes/promesses qu'ils ne mettront jamais en place. On peut citer encore les propos de Thierry Repentin, alors qu’il était sénateur de la Savoie et que son groupe parlementaire souhaitait proposer un projet de loi proposant le refus de l’utilisation de la force publique comme moyen de régler les expulsions. Nous citons un extrait de son intervention à l’occasion des débats (le 4 mai 2011) “ Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État,(Benoit Apparu , ministre du logement Gvt Fillon II et III) mes chers collègues, avoir un toit constitue assurément la sécurité la plus élémentaire de la personne. C’est la sécurité première et dernière, c’est l’endroit où l’on grandit, où l’on se construit et où l’on vieillit, c’est le rempart ultime avant la rue, quand tout le reste a fait défaut. Le perdre, c’est bien souvent être condamné à l’errance : de squats en hôtels meublés, de caravanes en centres d’hébergement. Mes chers collègues, permettez-moi d’appeler votre attention sur l’exacte concomitance de l’accroissement des impayés donnant lieu à contentieux et la très forte inflation immobilière au cours de ces dix dernières années.Plus les loyers grimpent et plus les ménages ont des difficultés pour y faire face ! Il est des vérités simples qui méritent de ne pas être oubliées si l’on veut infléchir les politiques publiques. Entre 2000 et 2010, les loyers de relocation dans le parc locatif privé ont augmenté de 90 %. Quant à la revalorisation annuelle pour les locataires en place, toujours dans le parc privé, elle a connu une hausse de 26 % sur la même période. La conséquence directe en est l’alourdissement du taux d’effort des ménages, parfois jusqu’à l’impayé, voire la dette locative.Ainsi, sur les 4,3 millions de ménages logés dans le parc social français, 250 000 foyers connaissent des situations d’impayés de loyers de plus de trois mois, soit environ 6 % des locataires. Mais, en bout de chaîne, après avoir activé de nombreuses actions de prévention, seuls 3 500 ménages – c’est encore trop ! – sont expulsés avec le concours des forces de l’ordre.Cette situation sur le front du logement est dramatique pour les classes moyennes, pour les habitants des grandes villes et des agglomérations, en particulier pour les jeunes ménages, bref, pour une part sans cesse croissante de la population. »

C’est beau comme un discours d’homme politique se trouvant dans l’opposition. Quand a-t-il été, une fois que les socialistes et EELV furent au pouvoir quelques années après ? Sous la présidence Hollande dont T.Repentin fût plusieurs fois ministre, les expulsions locatives ont été en hausse de 24% (2015) selon le rapport 2017 de la Fondation de l’Abbé Pierre. « François Hollande n'aura pas réussi à inverser la courbe du "mal-logement" au cours de son quinquennat. Selon le rapport 2017 de la Fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes confrontées à la crise du logement continue d'augmenter en France. La situation, déjà très difficile, s’aggrave : 3.96 millions de personnes sont mal logées et 14,6 millions touchées par la crise du logement (locataires en situations d'impayés, propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté » selon ce même rapport. À Chambéry, Thierry Repentin est maintenant maire de la ville et face à cette situation ubuesque (locaux vides) des acteurs culturels et sociaux se sont emparés d’une façon autonome d’un lieu vide d’activité et d’usage depuis plusieurs années :Les Ecuries). Ce lieu permet à des citoyens, vivant dans une situation précaires, d'être logés, à des associations de développer leurs activités, ainsi une culture alternatif dans notre ville a trouvé enfin un lieu pour accueillir un public important. En 2021 cette démarche peu paraître anti démocratique pour certains, mais elle est pourtant belle et bien celle préconisée par L'Abbé Pierre il y a bientôt 70 ans. La réquisition des logements et locaux vides pour le bien de tous. Quelle régression abyssale dans les mentalités, surtout pour celles qui s'affirment socialistes, écologistes ou communistes. Mais depuis maintenant un an, la nouvelle municipalité de Chambéry (UDI, PS EELV, Mouvement Citoyen) applique une politique en trompe l’oeil en direction des associations sociales et culturelles qui lui demandent la mise à disposition de locaux pour développer leurs activités et recevoir leur public. Pour développer une culture alternative à Chambéry qui est invisibilisée depuis des décennies dans cette cité.

Si ces nouveaux élus ont bien reçu dans un premier temps des associations, des collectifs et ont tenus des propos encourageants concernant cette demande sociale spécifique qui s’exprime depuis des années dans notre ville, force est de constater que les actes, ici non plus, n’ont pas suivi les paroles. Bien au contraire. Ces nouveaux élus ont fait preuve de silence et/ou d’absence de proposition face à ces demandes multiples. Reprenant la vieille antienne du pouvoir aveugle. « Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. » (1) Mais ils ne sont pas restés passif pour autant. Puisque par exemple pendant la durée du mouvement national des “Théâtres Occupés“ et face à l’occupation particulière de “Malraux Occupé“, ils n’ont cessé de stigmatiser et de dénigrer dans la presse les initiatives de ce collectif de lutte. Tout en étant incapable de produire une position politique face à l’objet même de ce mouvement : l'injustice de la réforme de l’assurance chômage, contrairement à nombre de municipalités en France. C’est dire ! Deuxièmement face à l’initiative d’un groupe important de citoyens artistes et précaires, qui décide d’occuper les Ecuries de Boigne, où il n’y avait aucune activité depuis plus d’un an et demi, ni surtout aucun projet de la municipalité (rappellons qu’à peine à cent mètre de ce lieu, le château de Boigne, bien de notre communauté, est abandonné depuis près de 30 ans, par les élus successifs, et se dégrade d’année en année), la municipalité a choisi l’utilisation de la violence politique. Aucune prise en compte du sérieux de l’initiative, aucun bail précaire ne leur a été proposé. Seule la manière forte a été appliquer. Enclencher aussitôt une procédure d’expulsion, a été pour eux, la seule réponse. Par ailleurs il existe à Chambéry, parallèlement à cette initiative, la démarche d’une union des collectifs réunissant près de 30 associations qui demande la mise à disposition d’un ou de plusieurs lieux pour déployer une culture alternative dans notre ville. Aucun rendez-vous, aucune réponse, aucune proposition, non plus de ce côté là !

Aujourd’hui les citoyens occupant les Ecuries de Boigne sont face à une décision du juge des référés du tribunal administratif de Grenoble du 12 juillet qui leur demande d’évacuer les lieux sous huitaine. Les occupants ont demandé auprès des élus de la ville un délai « Il nous faudra bien plus de 8 jours pour retirer les créations des artistes, fermer les ateliers de travail des associations, changer de lieu une forge, un espace de gratuité, une cuisine qui servait aux cantines populaire et maraudes, pour le relogement collectif des 15 personnes n'ayant d'autre lieu de vie que Les Ecuries, ainsi que de leurs animaux. Si les élu.es ont compris les nécessités qui nous animent, le terrain des Charmettes qui nous a été proposé devra être sécurisé, dépollué et salubre avant la fin du délai accordé par le tribunal, afin que toutes les associations et collectifs s'étant manifestés dans le courrier adressé à la mairie en mai dernier, puissent voir se réaliser une partie du programme électoral, non tenue jusqu'alors. L'incapacité de la mairie à répondre aux besoins que nous comblons en partie à notre échelle, nous portent dans nos luttes. » La municipalité fait la sourde oreille à cette demande bien légitime. Notons l’absence totale de déclaration de l’élu en charge de la culture, sur cette situation qui dure depuis 2 mois. La nouvelle municipalité (UDI, PS EELV, Mouvement Citoyen) de Chambéry, invente piteusement, dans son communiqué du 14 juillet 2021, et à la va-vite, un pseudo processus d’attribution pour un projet sur ce lieu, « Les Ecuries de Boigne représentent un lieu emblématique bien connu des Chambériens, au cœur du parc de Buisson-Rond : leur devenir sera l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) qui sera ouvert à tous les projets, sur la base d’un cahier des charges exigeant. Sa rédaction est en cours et l’AMI sera publié au cours de l’été. »

La ferme pédagogique, soudaine lubie d'un élu y verra sûrement le jour. Les Ecuries réagissent en écrivant sur leur page Face Book « La mairie a choisi de ne pas prendre en compte les réalisations et projets de ce collectif (en moins de 2 mois, plus d'une dizaine de représentations théatrales, spectacles, concerts, animations, un jardin, une forge, etc). Les élu-es municipaux se sont contentés de faire preuve d'énormément de condescendance et d’hypocrisie » Ainsi comme au national, sous la domination du pouvoir macroniste, ou au local, l’autoritarisme d’un T.Repentin et d’une Aurélie Le Meur, va faire se confronter : une police actuellement en roue libre et capable du pire ( mort de mr Bey et dernier exemple: le Technival de Redon), à des occupants pacifistes qui ont prouvé en 5 mois leur capacité (Malraux Occupé et Les Ecuries )de faire vivre d’une façon remarquable, un lieu culturel autogéré, qui est une vraie fenêtre poétique dans notre ville. Entend -t-on une réaction ou une déclaration du côté du Mouvement des Citoyens, de EELV, du PCF ou de leurs militants et sympathisants ? …le vide sidéral Nous ne pouvons qu’être choqué que l’inventivité artistique, l’énergie entrepreunariale et les valeurs humanistes que portent et revendiquent ces citoyens, cette jeunesse de notre ville, soit rabaissé et traité comme un délit. Nous ne pouvons qu’être inquiet de ce qui va arriver. Cette violence économique, sociale et politique exercée par des élus (UDI, PS EELV, Mouvement Citoyen) contre une partie de la population et le peu de mobilisation des citoyens lors des dernières élections départementales et régionales, nous confirme combien les élus d'aujourd’hui s’enferment dans un réflexe autoritaire, n’apportant qu’une réponse policière et répressive, quand il faudrait s’ouvrir à un vrai dialogue et apporter des solutions d’avenir aux problèmes sociaux, artistiques et culturels. C’est la seule voie pour qu’un pouvoir quelqu’il soit puisse espérer asseoir son autorité. C’est la seule voie pour qu’un pouvoir quelqu’il soit puisse espérer fonder en toute justice, sa légitimité . Dans leur communiqué du 15 juillet les occupants invitent tout le monde à assister à « Une représentation qui s'intitule « Expulsion », une œuvre d'improvisation qui sera orchestrée par la municipalité de Chambéry et interprétée par les forces publiques. » Ils invitent tous les citoyens de notre ville le Mercredi 21 juillet 2021 à 17h30 à un Carnaval place de la mairie. Mais aussi à venir tous les matins aux Ecuries à partir du jeudi 22 juillet 2021. Elus de Chambéry comme de France ménagez la population, ou ne vous étonnez pas des conséquences de la réaction des citoyens que vous allez déclencher en retour.

(1) Phrase que l’on prête à Henri Queille Médecin et homme politique : 21 fois ministre sous la III et IV République trois fois président du Conseil sous la IV république et parrain politique de F.Mitterrand et J.CHirac. On lui prête aussi cette citation plus connue « Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ».

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