Face aux dominations un seul mot d’ordre : N’ayons pas peur !

Depuis 40 ans les politiques du capitalisme néo-libérale dans ces variantes (Droite/Gauche) ont labouré patiemment l’ensemble des conquis sociaux. Mais elles ne se sont pas arrêtées là. Face à la destruction de nos droits, de nos solidarités, face à la désolation économique et sociale des classes moyennes et populaires qui engendrent désespérance et haine, face à la pesanteur de ces dominations et aux réactions de certaines luttes et résistances, elles ont cultivé lentement et sûrement le sillon de la guerre, de la xénophobie, du racisme, de la menace islamique et terroriste comme épouvantail, comme contre feu idéologique Elles ont initialisé et entretenu l’installation d’un pôle politique d’extrême droite qui est véritablement son instrument de détournement des colères, accessoirement le gage de leur maintient au pouvoir et l'arme de dernier recours du capital. (Signalons que certains des acteurs et la plus part des relais et soutien de ces politiques sont incapables de comprendre les effets et les conséquences de leur actes. On est bien là dans une irresponsabilité totale)

Cependant ce qui était prévisible depuis quelques années est en train de se produire, l’arrivée au seuil du pouvoir de l’extrême droite. Alors même que sous la V ème république, il était, jusqu’à présent, très difficile, voir impossible, d’y parvenir sans alliance. Nous sommes donc face à un véritable exploit de ce courant politique et de son principal parti le FN/RN/Zemmour, qui a été bien aidé, cependant. Le système d’exploitation capitaliste néo-libérale est aujourd’hui à un carrefour de son histoire. Il doit choisir un autre mode de gouvernement moins soft et découvrir un autre visage de sa domination. En effet pour consolider et asseoir pleinement ses dominations, le capitalisme néo-libérale, a aujourd’hui une nécessité absolue d’instaurer un pouvoir de gouvernement qui puisse administrer pleinement sa tâche, tout en supprimant définitivement les obstacles et ce, le plus “légitimement“ possible…pour l’instant. Son but est simple et s’affiche tous les jours : destruction petit à petit des droits politiques (libertés-démocratie), obtention d’un taux de profit maximal sur tout ce qui bouge puisque la rationalité néolibérale fait de notre être, de notre devoir être même, par anticipation, un capital, un capital humain qui doit s’ouvrir a tous les vents du marché et ce avec le moins possible de droits sociaux et environnementaux. La pesanteur de ces dominations, orchestrées par les gouvernements successifs avec les outils comme : La panoplie des MENACES et des PEURS, la FABRIQUE massive du CONSENTEMENT, ajouté à la désolation du paysage des luttes sociales et politiques (impuissance des syndicats et mouvements sociaux) n’a cependant pas pu empêcher dans le cadre politique même de cette domination, le surgissement d’une réalité électorale : l’existence d’un pôle politique alternatif d’opposition et de résistance (Union populaire ) qui a manqué de prés de 400.000 voix de se retrouver au deuxième tour des élections présidentielles, clé de voute de notre système politique actuel.

Hors ceci n’est pas durablement acceptable par l’élite politico-financière. Trop d’incertitude, trop de frein, trop de risque ! L’hypothèse d’un pouvoir gouvernemental encore plus autoritaire, plus musclé à tendance fasciste est dorénavant une option aujourd’hui possible pour eux, afin de maintenir plus définitivement ces rapports de pouvoirs, par encore plus d’insécurité et de terreur. Cependant, dans ce contexte de dépression politique et sociale, n’ayons pas peur (1) et opposons, comme nous le faisons tous les jours face à la force d'attraction, la force du soulèvement. L’Espoir est là, n’en doutons pas ! La panoplie des MENACES et des PEURS Nos expériences de vie et nos pratiques sont enchâssées depuis de trop longues années dans un climat de menaces généralisées, qui, s’il n’est pas totalement fictionnel n’en demeure pas moins être la conséquence délibérée de stratégie politique des gouvernements, nationaux, européen et impérialiste.

Ainsi nous sommes constamment sous le feu de la menace : -de guerres successives (millions de morts, exode massifs), -de guerre économique (destructions des structures familiales et sociales- paupérisation, précarité, misère) Ce qui engendre d’une part l’insécurité sociale, la destruction du vivant et de son environnement (exode massif), mais aussi qui est la conséquence de pollution (air, eau, alimentaire) et de crise politico-sanitaire pérenne (virus-épidémie) -L’emprise politique des puissances financières oligarchique (aidé de leurs médias) qui veulent la destruction même des principes démocratiques. Avec sa tendance extrême droitière et fascisante. -La “menace migratoire et musulmane“ assimilé au terrorisme Arrêtons nous particulièrement sur cette dernière, que les gouvernements nous brandissent depuis près de 40 ans, à des degrés divers : la crainte, la menace : du déplacé, du migrant, de l’étranger, du musulman, de l’islam, du terrorisme. Il était (avant la guerre Russie-Ukraine-OTAN), le support principal du système politique, pour la production d’un bouc émissaire, désigné au peuple précarisé, comme étant le responsable de tous ces malheurs. Et cela fonctionne admirablement. Que ce soit sous Macron ou sous Le Pen c’est sur ce sujet même, que l’axe de nos solidarités, de nos luttes, doit se porter : en soutien des quartiers populaires, de nos compatriotes de confession ou de culture musulmane, ou en direction de tous les étrangers, qui tous en France, subissent depuis des années une régression sociale, politique et une répression policière et judiciaire inouïe.

Toutes ces menaces instaurent un monde, de méfiance, de soupçon, d’irrationalité, de déséquilibre, un monde de chaos, d’insécurité, de confusion, de dépolitisation à tous les étages, qui désoriente la plus part d’entre nous. Cette dynamique idéologique est une véritable manufacture de la peur, qui a 3 objectifs : -nous sidérer, pour nous nous immobiliser, nous désorienter condition de notre division et de notre impuissance. -Instaurer le recours d’une Personnalité/Pouvoir d’ordre pouvant seul rétablir la soit disante sécurité. -Condamner tout recours alternatif non capitaliste, comme étant complice de cette dernière menace (ennemi intérieur) ou pire comme étant sa cause. La FABRIQUE du CONSENTEMENT (2) Pour ce faire le système politico-financier a besoin de moyens colossaux de propagande pour envouter et contrôler les masses. A cet fin les pouvoirs (politiques, économiques, institutionnels, médiatique) mènent une véritable guerre contre la vérité (3) par le biais des supports d’information dominants, qu’ils contrôlent directement ou par leur influences d’intérêts économiques ou par idéologie. Ces pouvoirs orchestrent une guerre informationnelle contre les réalités sociales et politiques, lui substituant une chaîne continue, ubiquiste de certains faits , « qui sont la matière de l’opinion » comme le disait Hannah Arendt et une unanimité interprétative, un récit émis d’un seul point de vue qui déploie une scénographie massive ordonnant des effets (émotions-sensations), des représentations (normes-ordres) qui au final influence et façonne les opinions.

Nous sommes véritablement dans la production et l’exposition d’un processus médiatique (information faussée. farce de la réalité) débouchant directement sur un processus à la fois de dépolitisation (dégout-abstention) et d’orientation politique vers des boucs émissaires. Face à nos écrans nous ne sommes pas simplement devant la communication d’information, mais avant tout devant une diffusion et une transmission de mécanisme de pouvoir. Face à ce narratif construit par la domination, le soupçon que la vérité soit pervertie s’est généralisée. Cette situation n’engendre que trouble et malaise dans l’appréhension sereine de la réalité, sans compter qu’elle fausse et détourne les opinions. Nous ne nous livrerons pas ici à une analyse exhaustive d’une communication politique, nous développerons que deux points pour illustrer cette fabrique du consentement, cette industrie de la manipulation de masse, à l’occasion du 1 er tour des présidentielles : La boite à images ou la représentation unique et la manipulation subtile de l’outil sondage. La boite à image du président Macron.

4 exemples qui nous paraissent flagrants 1- L’organisation tronquée du débat politique : par l’absence de la figure présidentielle dans un débat contradictoire, par l’absence de débat politique majeur entre l’ensemble des candidats et son remplacement par des sempiternels duels candidat/ journaliste/éditocrate vedette 2- Par l’inondation des “unes“ de presse Macroniste que ce soit au national ou dans la PQR 3- Quand la propagande s’étale sans fard -Les télévisions (France Télévision particulièrement ) ont complaisamment diffusées une séquence de près de 20 ‘ d’un travelling du convoi présidentiel se rendant de l’Elysée à la porte de Versailles pour son allocution, après l’annonce des résultats du 1 er tour. Aucun intérêt informationnel. Si ce n’est de produire et de suggérer les mêmes images que celle de la victoire de J.Chirac en 1995 . L’élection était donc bouclée ! Déclaration de la soirée électorale du 10 avril à la porte de Versailles, chorégraphié, scénographié, filmé, uniquement par la communication du candidat et livré aux autres médias. Sans aucune contestation. Un vrai scandale . Où l'on voyait le président Macron dans une image immaculée de blanc littéralement porté par un nuage…l’apparition de l’ange …qui semblait donc être, déjà l’élu. 4-Le débat entre le maître et sa créature Enfin, si il n’y avait qu’un signe parfait de la pathologie avancée de ce système idéologique, on le trouve admirablement illustré dans la perversité de cette scénographie. La perspective de la dispute n’est qu’un trompe l’oeil, l’illusion d’une contradiction, l’ombre du joug à venir. Devant ce médiocre castelet, cette farce, on nous demande de choisir le degré et le violence de notre flagellation. Non Merci ! Que ce soit le visage du sophiste talentueux ou celui de l’empathie miséricordieuse, ils sont tous les deux des voleurs de nos respiration, de nos espérances. Non merci ! Manipulation subtile des sondages. Les sociétés de sondages ont considérablement affiné leurs méthodes et algorithmes, depuis des années pour livrer des photographies à l’instant T avec une marge d’erreur assez étique. Ici nous ne noterons qu’une chose assez simple : L’ensemble des sondages, surtout dans la dernière semaine, était unanime et assez juste, avec des écarts maximum entre 1,5 et 3% en surestimation pour 2 d’entre eux (Zemmour/Pécresse). Un seul candidat a vu son score sous-évalué considérablement c’est : J.L.Mélenchon Puisque ce dernier a été évalué en sous-estimation de prés de 6% !! (Jean Lasalle a été l’autre candidat sous-évalué) Si si vous avez bien lu : 6% d’écart ! Quand on connait l’influence considérable des sondages dans la prise de décision, des citoyens indécis, dans les derniers jours ; 1% représente 500.000 voix. Il n’a manqué que 421.000 voix à Mélenchon pour être au deuxième tour. Il est tout a fait raisonnable d’envisager que nombre d’hésitants, pensant que le vote Mélenchon était inutile, compte tenu du fait que la « marche » était trop haute, aurait pu changer d’avis en voyant une estimation à 21% ou 22% Nous sommes donc bien, au coeur même de notre belle “démocratie représentative“ , en face d’un vrai coup d’état informationnel qui a réussit.

ESPOIR et SOULEVEMENT Face aux ravages successifs et à venir de ces dominations, nous n’avons pas d’autre choix que d’affirmer notre puissance d’existence, qui est la condition même de l’accroissement de nos forces individuelles et collectives de lutte et qui repose en premier lieu, sur le postulat de ne pas avoir PEUR ! In suo esse perseverare C’est bien la préservation et le maintient de cette capacité du vivant, coûte que coûte, qui nous permet de résister à cette pesanteur, de nous redresser chaque jour individuellement et de nous soulever collectivement pour la justice et s’opposer aux futures saloperies à venir. Ne plus avoir peur c’est ; arrêter de se fixer sur des faux semblants, faux réservoirs d’énergies, faux soleils, c’est s’arracher à cet agencement, véritable commandement quotidien à la consommation, qui n’est, sous couvert de la normalité, que l'attraction vers une domination d’un ordre politique séducteur et savamment pensé. Ne plus avoir peur c’est réveiller nos désirs, libérer nos énergies, pour les transformer en forces constituantes et fondatrices d’un ordre politique plus juste et plus égalitaire. Obtenir toujours moins, ne nous suffit plus “les souffrances, l’expérience de tant d’années et notre nature courageuse“ nous enseignent, ni la résignation, ni la fuite, mais bien le mouvement et la lutte. Cet appel désespéré au changement radical et cette foi acharnée dans la protection du vivant et de sa puissance, nous commande de ne surtout pas abandonner, la rage qui guide nos pas sur “El Camino“. D’autant plus que dans le cadre politique même du système capitaliste néolibéral, qui nous enferme et nous ligote dans une fiction unique, une force alternative aux valeurs de gauche (trop longtemps abandonnées) : l’Union populaire, a grandit depuis 10 ans et s’est consolidée fortement en 2022. Elle est aujourd’hui le pôle combattant majeur du rassemblement (dedans ou à côté) de tous ceux qui aspirent à une transformation sociale et politique radicale et sera un soutien aux luttes sociales et collectives à venir. Elle constitue, enfin, un autre horizon possible. C’est bien cette puissance de la vie, quand elle est force du changement, qui leur fait si peur. Nous, cessons d’avoir peur, quelque soit l’issu de ce scrutin et des prochains. L’espoir se trouve là ! Notes 1-Il ne s’agit pas ici d’aborder ce concept dans sa dimension courante, d’une émotion naturelle qui surgirait comme alerte face à un risque d’intégrité physique (morts, accident, agression etc..) ni de donner une leçon de développement personnel ou de comportement moral. Il s’agit simplement d’avoir conscience de la manufacture de la peur par les puissances dominantes pour mieux maîtriser nos affects et donc nos opinion et de résister à ce processus de manipulation pour ne pas devenir un citoyen réduit à un statut d’hypocondriaque politico-sociale. C’est le philosophe allemand Kurt Riezler, (1882-1955) qui a été un des premiers a étudier la peur d’un point de vue psychosociologique The Social Psychology of Fear, « La psychologie sociale de la peur » publié en 1944. 2-Psychologie des Foules (1895) G.Le Bon, L’opinion et la Foule (1901) Gabriel Tarde, Foule et Public 1904) R.E Park, Public Opinion 1922 et Public fantôme (1925) Walter Lipman, Le public et ses problèmes John Dewey, (1927) La fabrique du consentement : de la propagande en démocratie ( 1988) Edward Herman et Noam Chomsky. 3-“Le Prince“ de Machiavel, “Le Discréto“ de Balthazar Gracian, “Propagande“ Edward L. Bernays, “Vérité et Politique“ dans “La Crise de la Culture“ Hannah Arendt.

Commentaires