Une perle de la Savoie abandonnée à la sur fréquentation touristique et à la pollution

Je suis utilisé comme voie navigable depuis l'époque du Néolithique. Je suis un des rares cours d’eau d’Europe, à pouvoir m’inverser naturellement ou intégralement lors des crues du fleuve où je me déverse. J’ai été depuis longtemps la principale voie de communication entre la France et la Savoie. J’ai été canalisé à partir du XIX siècle. Je suis une des perles poétique de la Savoie. Je suis, je suis …. Le Canal de Savières. Long de 4,5 kms, localisé dans les marais de Chautagne, sa “source “ est le lac du Bourget, et son bassin collecteur le Rhône. Le canal de Savières relève du domaine public fluvial, depuis le 21 septembre 2022, et a été transféré en gestion à la Compagnie Nationale du Rhône (CNR.)

Le Canal de Savière, va mal. En été, il est victime d’une sur-fréquentation essentiellement due aux “Promènes Couillons“ comme certains habitants du canal les surnomment. Deux compagnies sont essentiellement propriétaires des bateaux de croisières, qui il y a plus de 40 ans transportaient que 13 passagers maximum (pour l’une entre elle) et qui maintenant affrètent des géants transportant 150 personnes. Ces monstres effectuent plusieurs passages par jour, dans cet étroit canal, et dont leurs tirant d’eau endommagent considérablement les rives fragiles du canal.

A cela s’ajoutent les bateaux à moteur et surtout les Yacht, de riches Aixois, qui se sont multipliés depuis des années et dont les propriétaires ne respectent pas la vitesse autorisé (6 kms/h) ce qui détruit encore plus les rivages. « C’est un comble on nous interdit la baignade à cause de la dangerosité de ces navires, alors que je m’y baigne depuis l’âge de 5 ans » nous dit Thierry 65 ans un “habitant“ du canal Ces deux types d’engins nautiques, exercent une véritable emprise sur les autres embarcations de mobilité douces, les canoës, les barques, les paddles, qu’utilisent les familles populaires pour découvrir ce lieu. Par leur envergure, la surpuissance de leurs moteurs, et le non respect de règles de navigations, ils imposent leur prédation et mettent en danger ces frêles embarcations. Sans compter la détérioration ( comme à Venise) du paysage.

Ce qui fait dire au maire de Vions que «  la population est de plus en plus agacée par cette sur fréquentation estivale »  Mais ce n’est pas tout À cause de la malveillance de certains citoyens, qui déversent sans scrupules des déchets dans le canal, ce dernier est rempli de détritus et d’objets divers : pneus, ferrailles, électroménagers, plastiques bouteilles et bien d’autres épaves à découvrir. Bien loin de l’image touristique véhiculée par les autorités. Jules, un simple citoyen à pris l’habitude depuis des années, armé simplement de son masque et d’un flotteur de planche à voile, de remonter à la surface ces encombrants et de les remettre à la déchèterie ce qui ne va pas sans causer de problème.

Cette année il a voulu que son geste prenne une autre ampleur et soit à la hauteur de la dépollution de ce canal, où il a, enfant, appris à nager Aussi il s’en est ouvert à monsieur Arragain, Maire de Vions qui l’a soutenu et accompagné dans son initiative . Puis il a réussit à convaincre les responsables CODEP de Savoie, afin qu’ils mobilisent des plongeurs pour la collecte des déchets . Ainsi une date avait été avancée, le 28 septembre 2024, où 60 plongeurs bénévoles, venant de toute la région Rhône-Alpes étaient prêt à se rassembler. Mais c’était sans compter les autorités de l’Etat. Le Maire de Vions et Jules sont rentrés en contact avec des responsables de la DDT qui a en charge la police de la navigation du canal, ainsi que la sous-préfecture d’Albertville qui délivre les autorisations. Quelque peu dépassé par l’ampleur de cette initiative citoyenne, qui ne vient pas de leurs services, alors qu’eux mêmes n’ont jamais effectué aucun nettoyage de ce canal, ils ont évoqué un délai trop court pour autoriser une “telle manifestation aquatique “ et ont remis cette possibilité à l’année prochaine. Il est assez remarquable que les pouvoirs publics fassent, en la matière preuve d’une si grande impuissance. Pour notre part la Préfecture et la CNR n’ont jamais répondu à nos demandes d’interview. Pour monsieur Arragain, maire de Vions, « On va faire en sorte que cela se fasse l’année prochaine, d’autant que la commune de Chanaz est partante aussi ». Nous serons donc présents en septembre 2025 pour constater les faits.

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