Incendie de Grésy-sur-Aix : Quelques questions au sujet de la construction bois
Dimanche 11 août 2024, dans le milieu de l’après midi, un incendie s'est déclaré sur la commune de Grésy-sur-Aix (Savoie) .
Un bâtiment de la résidence Clos Pré Rouge, logements sociaux (Opac Savoie) construits en bois a été détruit et un autre endommagé.
Deux personnes ont été intoxiqué légèrement, mais il n’y pas eu de victimes humaines.
« L’urgence pour nous a été dans l’absolu nécessité de trouver des solutions aux 24 familles qui se sont retrouvées sans toit . À ce jour, elle ont toutes été relogées, la moitié d’une façon pérenne l’autre en situation provisoire, mais personne n’est en foyer » nous indique Nicolas Mouly, directeur pôle clientèle et patrimoine de l’Opac de Savoie.
Le bilan est lourd par contre pour la population animal, une association de défense des animaux présentes sur les lieux, estime à une vingtaine d’animaux disparus .
Une soixante de pompiers ont été mobilisé.
Plus de trente habitants de cette résidence de l’Opac ont dû être évacués.
Nous posons dans cet article un questionnement au sujet de la construction de ce type de bâtiment en bois et de sa sécurité incendie.
Ce bâtiment a brûlé comme une “boite d’allumette“, nécessitant du côté pompier la mise en place de 10 lances, ce qui est exceptionnel. (et pose le problème du débit d’eau).
Avec un dégagement de chaleur exceptionnellement élevé.
Quelle chance de survie pour les habitants de ces logement si le feu avait pris la nuit ?
Nicolas Mouly de l’Opac de Savoie rappelle « Qu’au moment de l’incendie des personnes se trouvaient à l’intérieur et ont eu le temps de sortir »
La France, comme dans le monde entier, connait une explosion de la construction de bâtiments en hauteur en bois, beaucoup plus économe en production de carbone que le béton et six fois plus léger que lui. (40% des émission de Co2 de la planète provient de la construction béton, et si l’industrie du béton était un pays, il serait le 3 ème producteur de carbone après la Chine et les Etats-Unis).
Au Etats-Unis un projet d’immeuble de 85 étages est à l’étude. Il y a donc bien un vrai boom économique de ce secteur avec des attentes de profits importants.
Aussi l’ensemble des groupes mondiaux du BTP sont sur les rangs, certains créant mêmes des écoles de formation à cet effet.
La France a définit une stratégie de construction avec des matériaux « Bio-sourcés“ afin d’être conforme aux objectifs de réduction carbone de 2050.
Il y a un an à Malmö, en Suède, un incendie a ravagé un immeuble de 8 étage entièrement bois.
“Les incendies dans les grands immeubles d'habitation modulaires en bois peuvent augmenter le risque d'effondrement structurel, prendre plus de temps à éteindre et se propager beaucoup plus rapidement que dans les immeubles en béton..L'ensemble de la structure en bois peut également être affaibli par la combustion dans les éléments porteurs.“ Déclarait Henrik Greiff, directeur opérationnel du Service de Secours Sud de la ville
En France il semblerait que les autorisations soient obtenues au cas par cas, et que la réglementation incendie française n’est pas encore stabilisée et reste complexe,.
D’ailleurs devant ce marché en plein boom de nombreux constructeurs s’inquiètent d’une tendance au durcissement de la “doctrine pompier“ des services de secours.
En Savoie les services du SDIS, suite à l’incendie de Grésy S/Aix s’apprêteraient à faire remonter un rapport à la direction nationale, questionnant vivement ce type de construction.
Pour l’Opac de Savoie, Nicolas Mouly, précise « En tant que bailleur social nous dépendons des réglementations de l’Etat (RE 20/20), nous sommes plutôt des suiveurs que des faiseurs »
Une étude est en cours pour analyser d’un point vue technique le sinistre .
Le bailleur social, de sa propre initiative, a en parallèle, commandé une expertise incendie privé, afin qu’elle propose des améliorations sur ce type de bâtiment : Ralentisseur de propagation de feu ( Sur les façades, par des portes palières coupe feu 30mns etc..) ou tout autres préconisations.
« Suite à son rapport nous aurons la volonté de réinvestir sur la sécurité des 3 bâtiments restants, qui sont les seuls en construction bois de notre parc. » nous indique Nicolas Mouly.
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