En France, la traque des journalistes indépendants continue
" La tempête qui vient ... un désastre qui ensauvage " James Ellroy
Jeudi 21 septembre 2023
Les reporters Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer, journaliste à Libération ont été convoqués et questionnés sur des articles concernant Amine Leknoun, habitant de Roubaix tué en 2022 par un policier.
une procédure indigne pour Libération et la société des journalistes « Le parquet a retenu les motifs d’infraction de « violation du secret de l’instruction », « recel de violation du secret de l’instruction » et « diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l’autorité publique....Dans leur enquête, les journalistes de Libération soulignent les manquements de l’IGPN [inspection générale de la police nationale, la “police des polices”] et de la juge d’instruction dans la conduite des investigations concernant la mort d’Amine Leknoun », poursuivent la SJPL et la direction. Pointant un « gaspillage des ressources de la police et de la justice », elles dénoncent une procédure « indigne d’un pays démocratique où la liberté de presse ne doit en aucun cas être entravée ». Sollicitée par l’Agence France-Presse, la police judiciaire de Lille n’a pas réagi dans l’immédiat."
20 septembre 2023
La journaliste a été libéré autour de 21h.Le gouvernement interrogé par Mediapart à botté en touche
Communiqué de Disclose
"Secret des sources : la journaliste de Disclose libérée au terme de 39 heures de garde à vue
La journaliste Ariane Lavrilleux a été libérée, mercredi 20 septembre dans la soirée, après 39 heures de garde à vue. Objectif de cette atteinte inadmissible à la liberté de la presse : identifier les sources de Disclose ayant permis de révéler plusieurs scandales d’État dont l’opération militaire « Sirli », menée par la France en Égypte pour le compte de la dictature du maréchal Sissi"
19 septembre 2023
Émile de Girardin (La Presse) et Eugène Lisbonne doivent se retourner dans leurs tombes. 142 ans après le vote de leur grande loi, celle du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les politiques, les magistrats, les services de police, remettent brutalement en cause, depuis quelques années, cette avancée démocratique fondamentale.
Pour ne citer que quelques faits probant ces derniers mois :
-En novembre 2022, une décision de justice du tribunal de commerce de Paris empêche Mediapart de publier une enquête sur les pratiques politiques du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau.
-le 17 mars 2023 lors d’une manifestation contre la loi de la retraite à 64 ans, deux journalistes alors qu'ils couvraient l’événement ont été agressé par les forces de l’ordre et gardé en garde à vue pendant 35 heures
-Le 20 juin 2023, à 6 heures du matin, le photographe Yoan Sthul-Jäger qui avait couvert une action militante écologiste dans la cimenterie Lafarge, à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) est arrêté à son domicile, à Tours, par des policiers de la sous-direction antiterroriste (SDAT). Son matériel est saisi. Sa garde-à-vue à Orléans durera 80 heures, il ne sortira libre que le 23 juin à midi, avec une convocation judiciaire.
-Aujourd’hui le 19 septembre 2023 la journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux a été placée en garde à vue, et son domicile perquisitionné par la DGSI.
Communiqué de DISCLOSE
« Objectif de cette atteinte inadmissible à la liberté de la presse : identifier les sources de Disclose ayant permis de révéler l’opération militaire « Sirli », menée par la France en Égypte pour le compte de la dictature. Ariane Lavrilleux, est journaliste de Disclose et co-autrice de la série d’enquêtes « Egypt Papers ». Accompagnés d’un juge d’instruction, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé la journaliste en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé, ouverte en juillet 2022. L’objectif de ce nouvel épisode d’intimidation inadmissible à l’égard des journalistes de Disclose est clair : identifier nos sources ayant permis de révéler l’opération militaire Sirli, en Égypte. En novembre 2021, Disclose s’appuyait sur plusieurs centaines de documents « confidentiel-défense » pour documenter une campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne du maréchal Al-Sissi, avec la complicité de l’État français. »
Les partis politiques, les associations, les citoyens devraient réagir massivement à ces attaques, afin de construire un rapport de force digne de ce nom
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