1915-1918 Plus de 10.000 travailleurs chinois sont morts en France
En 1912 la Chine venait de faire sa révolution contre le régime Impériale et devenait la République de Chine sous la présidence de Sun-Yat-Sen. Elle est à la fois la proie d’une tentative de restauration de l’Empire, des puissances étrangères coloniales qui l’humilient depuis des décennies par les “Guerres de l’Opium “ (1839-1860) puis par les « traités inégaux » lui imposant une domination et une exploitation des plus féroces sans compter la volonté du Japon de la coloniser économiquement.
Sous la présidence de Yuan Shikai, et dans le souci d’échapper à la guerre le gouvernement chinois a proclamé dès le 6 août 1914 sa « neutralité absolue pendant la guerre européenne » en accompagnant cette proclamation d’une déclaration des « Règlements de la neutralité de la République de Chine ».
Mais la jeune république compte tenu de sa faiblesse politique et du peu de maitrise de sa souveraineté, vis à vis des puissances occidentales belligérantes à du conclure des accords de coopération autour de la mise à disposition de sa population comme main-d’oeuvre au profit des puissances européennes.
En effet sur le front de la guerre dans le nord de la France, dés 1915, le manque de main d’œuvre se fait sentir à l’arrière front. La mission TRUPTIL passe un accord avec le gouvernement chinois pour recruter des travailleurs. Ces ouvriers “volontaires“ sont issus de la province de SHANDONG, population très pauvre de la Chine. Après une traversée maritime de deux à trois mois, ils arrivent en France et sont dispersés sur tout le territoire.
De 1916 à 1918) ce fut de 140 000 travailleurs chinois qui arrivèrent en France pendant la Première Guerre mondiale. Ils furent 200 000 travailleurs chinois envoyés en Russie de 1915 à 1917
Le plus grand camp de travailleurs chinois en France se trouve sur la commune de Noyelles-sur-Mer (Baie de Somme) 80 000 chinois y sont passés.
Le camp doté de baraquements en toile et en bois, cerné par des rangées de fils de fer est surveillé par des troupes britanniques.
Chaque travailleur portait un bracelet où son numéro de matricule y était gravé. Ces travailleurs assuraient les transports des marchandises , la réparation des routes, l'entretien des chevaux de la cavalerie anglaise, ...
Les moins chanceux construisaient des abris, creusaient des tranchées, réparaient les chemins dévastés par les obus et participaient à l'aménagement de positions de repli. Des cuisiniers préparaient les rations alimentaires. Les anglais payaient le beurre et les œufs, le reste de la nourriture venait d'Angleterre.
Ces ouvriers chinois enrôlés par les anglais, avaient tous un contrat de cinq ans. Ils étaient payés un franc par jour selon le travail effectué. Ils travaillaient 7 jours sur 7, à raison de 10 heures de travail par jour.
Un seul jour de repos leur était accordé : le jour de l'an chinois.
IL y eu plus de 10.000 morts parmi ces travailleurs chinois
Si certains sont resté en France, la grande majorité est rentré chez eux dans la province du Shandong
En 1919 les Alliés ont décidé de livrer au Japon les concessions allemandes de cette province. Ceci a été le déclencheur en Chine du « Mouvement du 4 mai » (1919) avec des slogans comme « Assez d’humiliations ! » ; « Recouvrons le Shandong ! » ; « Détruisons toutes les vieilleries ! ». Ce mouvement, tout d’abord uniquement patriotique, s’est transformé ensuite en une recherche de la modernisation en vue de reconstruire une Chine moderne et puissante.
Le mouvement s’est propagé dans toute la Chine, il a été suivi par différents mouvements et en particulier par la naissance du Parti communiste chinois (en juillet 1921) qui a ensuite débouché sur la révolution communiste et la fondation de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949.
Cette article s’appuie essentiellement sur l’Ouvrage de Li Ma “ Les travailleurs chinois en France pendant la 1 ère guerre mondiale “ et le site internet de la commune de Noyelles-sur-mer
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