La Chronique photographique de Jean Lavanchy : 21 Juin, Voilà l’été !

Fin d’après-midi, la masse de la chaleur est traversée par la musique qui se répand partout au coin des rues, sur les places ou devant les bars. Des sons multicolores de tous âges comme les publics qu’ils drainent. Légères, ces quelques notes pincées sur une corde qui s’évaporent dans la nuit. Sensible, cette voix de soliste qui nous surprend et nous émeut. Volubiles, les airs de danse distillés par les estrades qui condensent les foules, les emportent. Et puis c’est le jour le plus long. Si long que l’effervescence de la ville garde son intensité tard dans la nuit. Une soirée pour la liesse, mesurée ou jusqu’à l’excès, lointaine descendante des fêtes de village peintes dans les tableaux de Brueghel l’Ancien. A chacun ses extases. Le public comme une assemblée nocturne qui se doit d’oublier l’ordre du jour. Foules chaudes et sentimentales dans lesquelles on oublie d’avoir peur des inconnus. Une autre image me vient alors, liée à mon outil de photographe : l’obscurité oblige à pousser les réglages des prises de vue vers de très hautes sensibilités. Le grain photographique qui apparaît parfois sur les images, vient diluer les formes des visages, comme si le marchand de sable passait sur la ville qui ne veut pas s’endormir. Mais les couleurs demeurent dans la nuit, vives et chantantes dans leurs harmoniques. Cette texture sablée et brouillée des images nocturnes renvoie au pointillisme des tableaux impressionnistes et à leur nonchalance décalée. Vibrations, dilution de la réalité. L’été est-il une saison déraisonnable

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