Macron 1er, un despotisme non éclairé

« Si un homme qui se croit roi est fou, un roi qui se croit roi ne l’est pas moins » J.Lacan, Ecrits L’intervention du 13 avril 2020 de Macron 1er, qui est tombé le jour du Lundi de pâques où tous les catholiques célèbrent la résurrection de Jésus Christ “ notre seigneur“, « inaugurant une semaine de joie et de paix », mais c’est, bien entendu un pur hasard, a été regardé par plus de 70% de la population adulte de ce pays (36,7 millions). Nous sommes bien là dans une représentation de la majesté présidentielle et de sa réception par ses sujets, ce qui ne peut que nous questionner, et nous renvoyer aux réflexions pascalienne sur le corps divin et sacramental du roi, mettant à jour «  le pouvoir comme représentation et la représentation comme pouvoir » comme le dit Louis Marin. En sortirons nous un jour ? Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, c’est quand même la condition principale pour bâtir une puissance constituante …c’est pas le chemin pour l’instant Depuis maintenant 2 mois nous subissons une triple peur : la peur de la mort et un discours et des décisions politiques qui ont organisé le chaos ce qui dans un premier temps nous a sidéré et maintenant nous terrifie ou nous paralyse par ces contraintes absolues et ces injonctions contradictoires. Discours de la force légitimée, qui nous impose son savoir, sa certitude, sa puissance sans aucune dispute, sans aucune contradiction. Il est seul à avoir de droit de parler, de dire, de faire et donc d’agir sur notre destin. En l’absence de toute justice, Macron 1er par sa représentation, le pouvoir de son discours et de sa police, nous impose et son Agenda et son Panoptisme. Agenda et panoptique. Dans cet exercice de monarque, un mot utilisé est relativement passé inaperçu, le mot “agenda“. Arrêtons-nous un instant sur cette notion. Tout le monde bien entendu sait à quoi sert un agenda. Un outil permettant de synchroniser des actions à des moments et d’organiser ainsi son temps. Il permet de planifier son emploi du temps. Du côté étymologie “Agenda“ vient du latin “agendus“ adjectif verbal de ago, agere (faire). Agenda signifie donc “ce qui doit être fait“ ou mieux “ les choses à faire“ Il indiquait aussi en 1535 un « livre où sont consignés les comptes d’une ville » nous indique le CNRTL.

Dans le champ de l’espace public, la notion d’agenda est par exemple pour la presse et les médias, la capacité d’une mise à l’agenda de sujets et de thèmes en direction du public, (c’est le cas dans cet article avec cette notion d’Agenda, que je vous impose à lire ) moins pour dire aux gens comment il faudrait penser, mais plutôt à quoi il faudrait penser ou à propos de quoi il faudrait penser (MMc Combs D.Shaw). Introduisant ce que certains ont pu appeler : la fabrique d’un cadre, d’un cadrage pouvant avoir une influence sur les interprétations du public. Ainsi quotidiennement nous débattons bien de sujets qui nous ont été soumis par l’agenda des médias, des politiques, ou tout acteur ayant cette puissance prescriptive. Nous reprenons cette notion justement dans ce champ du politique pour nous intéresser particulièrement à un homme : Jeremy Bentham (1748-1832) Philosophe et juriste. C’est lui qui va introduire ce mot dans le champ de l’Economie politique en construction au XVIII siècle, en faisant la distinction dans son ouvrage “Le Manuel d’Economie politique“, entre les Sponte Acte, activités développés à l’initiative des membres de la communauté, et l’Agenda et Non Agenda, désignant les activités économiques et politiques du gouvernement. (Notion reprise par M.Keynes au XXème siècle), Jusqu’à présent et encore moins sous ce président qu’avec les autres : une fois l’agenda, social, économique, politique posé par le pouvoir (relayé par la puissance des médias), le temps de la confrontation, de la friction d’avec les autres acteurs concernés commençaient (ou continuaient) pour aboutir à un compromis ou pas. Ce qui élaborait et caractérisait, au final, une politique publique à un moment donné. Ici et maintenant ça passe comme dans du beurre ! Si Macron 1er, nous avez déjà habitué lors des deux premières années de son règne, à manifester aucune considération vis à vis des autres acteurs, y compris ceux appartenant à la sphère institutionnelle ou politiques “ amis“ (Les collectivités territoriales par exemple), en nous imposant sans vergogne son “JE“ (qui semble s’apparenter pour ce président à la banale tyrannie du moi) force est de constater que depuis qu’il a déclaré la guerre au virus ( avec ses petits bras), il est le seul à décider non pas seulement de notre agenda, social, économique, politique,( ce qui a provoqué un choc psychique et un chaos) mais aussi culturel, de loisirs, de nos humeurs. Il est le seul à décider de nos circulations, nos déplacements, nos relations, de notre vie sociale et familiale, ce qui est bien là, la définition d’un cadre despotique, construit et imposé qui conditionne les énergies et les équilibres psychiques de chacun et bien entendu des plus fragiles. Ce conditionnement déséquilibre et accentue les tensions dans les couples, dans les familles (augmentation considérables des violences conjugales et familiales). Ne serions nous pas engagé, de fait, dans un vaste programme d’expérimentation comportementale chère au béhavioriste de tous poils ? Et qui rejoint souvent, comme par hasard, l’idéologie Néo-libérale. (Fabrique du Consentement de W. Lippman et Ecole de Chicago-Libertarien). Par contre, notons que son “agenda contre le covid19“ est vide et impuissant depuis le début. Contrairement à celui qu’il nous impose.

Pour mesurer a quel points les décisions de Macron 1er sont déphasées par rapport aux avis des autres acteurs, prenons que 2 exemples concernant sa décision de : Rouvrir les crèches , écoles, collèges, lycées le 11 mai, il n’a pas fallu 24 heures avant que d’autres acteurs et non des moindres comme l’Ordre des médecins (organisme corporatiste bien connu pour son opposition systématique au pouvoir en place)…c’est dire ! D’interdire aux personnes âgées de sortir même après le 11 mai. Là non plus de nombreux acteurs du secteurs de la santé, des organismes spécialisés etc et qui ne sont pas connus habituellement pour être des contestataires des pouvoirs en place, ont pu dire leurs opposition à une telle mesure, citons en que deux parmi ceux qui se sont exprimés : Axel Kahn, généticien et Président de la ligue du Cancer et Emmanuel Hirsh, directeur de l’Espace Ethique de l’université Paris Saclay. Propos en partie démentie par son 1er ministre quelque jours après. Et c’est eux qui sauraient ce qu’il faut faire ! Troisième peur face à cette incohérence et incapacité gouvernementale. Mais Macron 1er n’est pas tout à fait seul, car depuis l’absorption des pouvoirs politiques par ceux qui, dans les sociétés modernes se sont assurés le privilège d’être les dispensateurs du crédit : les Banques et les fonds financiers deux buts ont été atteints au grand détriment de la démocratie et de la liberté : Eviction de l’Etat comme créateur de monnaie et éviction de la notion même d’entrepreneur (on le voit encore plus ces dernières semaines avec les milliers d’entreprises en quasi faillite). Entreprendre, entreprise, précisément le titre que les néo-libéraux brandissaient pour justifier les privilèges exorbitants qu’ils nous demandaient d’accorder à ces capitalistes, afin que le ruissellement s’accomplisse. Amen ! Normal ! Retour sur investissement . Encore une fois, tous les commerçants et les artisans apprécieront. Mais Macron 1er n’est pas tout à fait seul, non plus. Il dispose du concours d’une violence légitime constituée par la police et la justice d’Etat, qui en l’occurrence ici, sont dans sa main et à son seul service. Ainsi à cette assignation à domicile de toute la population, s’est ajouté une autre violence, que nous connaissons de trop, celle de la police et de la justice. Au 20 avril 2020, nous comptons 20% de la population contrôlée, 700.000 amendes et verbalisation, deux décès (Béziers Angoulême), des milliers d’actes vexatoire, d’humiliation, d’attaque contre la liberté d’expression (banderoles arrachés etc..), de trop nombreux actes de violences physiques, en somme le quotidien de l’arbitraire policier tel qu’il s’est déjà déployé, lors du mouvement des “Gilets Jaunes“, et qui est une caractéristique culturelle et historique de la police française, ici appliqué depuis le 16 mars à l’ensemble de la population. En mars, en avril, en mai… 2020, Macron 1er a réussi à transformer 67 millions de français en délinquants potentiels comme le dit Castaner son sbire préféré « il faut de la discipline » . Sans compter que nous n’aurons pas l’autorisation de nous rassembler pour manifester notre opposition …avant la Saint Glinglin. Papon et Bousquet en rougiraient de plaisir …comme au bon vieux temps. Mais cela ne s’arrête pas en si bon chemin, puisque tout le réseau des caméras (et des téléphones portables) des villes françaises “ servant à protéger la population“ (bientôt des centaines de drones) est orienté pour la surveiller jour et nuit : A quelle heure vous sortez, où vous allez, pourquoi faire, combien de fois par jour, tout nos gestes sont épiés et suivi, le Macron 1er voit et sait tout de nous. Double enfermement, double punition politique des corps. Si le président peut voir et savoir potentiellement et quotidiennement tout (les multiples rapports de ces services de renseignements), il est toutefois, comme tout les chefs d’Etat du XX ème siècle toujours dans une connaissance aveugle, car dans l’incapacité d’embrasser la totalité du savoir, de la connaissance, des positions des acteurs de toute une société. Depuis le début de son mandat, plus qu’un autre président, il a détruit et ruiné les conditions mêmes d’une vie sociale et économique favorable pour le plus grand nombre et donc pour les plus fragiles. " La maîtrise, que cela nous plaise ou non, est une immense collaboration" W. Lippmann, Public Opinion.

Nous sommes bien là, comme jamais nous le fûmes dans ce que Michel Foucault a appelé la “gouvernementalité “ c’est à dire l’art de gouverner au XX siècle, l’art de gouverner les conduites, des humains. Art qui caractérise le bio pouvoir du Néo-libéralisme (Ecole de Chicago-Libertarien). Une folie ! « On se préoccupe beaucoup en France de la légitimité des chefs, plutôt qu’on ne songe à leur demander des comptes ou à les rendre responsables, effectivement et non rhétoriquement de leurs actes » “Jouir du Pouvoir“ Pierre Legendre. Et c’est ici que nous retrouvons Jeremy Bentham, qui a théorisé aussi la prison parfaite le Panopticon. Structure d’enfermement qui permettrait de « voir tout sans être vu » dans lequel nous entrons depuis le mois de mars, sans protestation généralisée. Pour tous ceux qui nous opposeraient l’argument qu’il ne s’agit, en fait, que d’un simple mode architectural, nous les renverrons à “Surveiller Punir“ de Michel Foucault et au concept du panoptisme qu’il a proposé. « La formule du Panoptisme n’est plus «  voir sans être vu » mais imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque ». Nous y sommes ! Gilles Deleuze s’en inspirant rajoutera à propos des “ sociétés de contrôle“ dans Pourparlers «  le contrôle est à court terme et à rotation rapide, mais aussi continu et illimité…L’homme n’est plus l’homme enfermé, mais l’homme endetté » Tiens ! Tiens ! Ne serions pas en plein dedans

Ici est posée, toujours et encore la question qu'aucune démocratie ne peut éluder : Quelle part d'obéissance le pouvoir peut-il légitimement exiger, sans outrepasser son droit ? Force est de constater que de dé cennies en décennies et particulièrement dans cette épisode si symptomatique, le dépassement de cette exigence a franchit des limites intolérables et inacceptables. Comment amorcer le début d’un commencement de désobeissance d’opposition face à ce despotisme ? Ici n’attendez pas de recette miracle, mais : 1-Une condition : Cessons d’avoir peur de ce virus, qui s’il est bien mortel et d’un caractère spécifique, est un élément avec lequel nous devons vivre le plus normalement et le plus rapidement possible, en obligeant “les dirigeants“ a prendre enfin les mesures adéquates. 2-un postulat : Toute légitimité doit porter sa négativité : Arrêtons de réclamer des légitimités pour mieux y obéir. Une action : 3- Prenons tous nos carnets, non pas uniquement pour prendre un rdv, prendre date, mais pour notifier notre propre AGENDA et pour l’imposer demain ! (Arrêtons le catéchisme des cahiers de doléances) Avec en premier sur la liste et tout de suite : -Le droit de se réunir au café, chez les uns ou les autres, dans les salles publiques etc.. art 20 de la DDH et la loi du 30 juin 1881 puis de 1907. Le monde d’avant ! -Le droit de manifester dans l’espace public. Art 10 de la DDH et art 9 de la Convention européenne des droits de l’homme. Le monde d’avant ! Dominés et confinés de tous les pays ne doutons pas de notre puissance instituante. Le monde d’après ? Petit rappel des morts du Covid 19 en France au 20 avril 2020 (Hopitaux-EpHad/EMS, Ville) plus 27.200 et non 19.718 comme annoncé . (source Santé Publique France / Inserm)

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