Commémoration de 14-18, les bouchers d’humains toujours célébrés.

Le 11 novembre 2018 et Commémoration de 14-18 : Les profits énormes des industriels de la guerre toujours ignorés, mais les bouchers d’humains toujours célébrés. « Des millions d'hommes vont être massacrés dans une Guerre des Mondes comparable à celle de Wells, parce qu'il est avantageux à l'empereur d'Autriche d'avoir un débouché sur la Mer Noire….J’espère encore, moi qui ne suis pas croyant, un suprême miracle qui arrêterait à la dernière seconde le déclenchement de la machine omni-meurtrière ». (1) Marcel Proust Les politiques, les industriels, les militaires Français, Allemands, Anglais…ont tués plus 20 millions d’humain entre 1914-1918, dont près de 50% de population civile. Cent ans ne suffisent, manifestement pas, pour qu’un autre regard, un autre discours, une vérité viennent instruire et construire une histoire des peuples qui se transmette massivement. Pourquoi cela ne nous étonne t-il toujours pas ? Comme dans le dernier livre d’Edouard Louis, il serait temps de nommer à chaque fois les responsables de ces exterminations de masse. “L’histoire est un mensonge raconté par les vainqueurs“ (2) En 2018 La volonté toujours manifeste de la classe politique et du comité du Centenaire (3) d’axée uniquement la commémoration sur les dimensions stratégiques et de tactiques de l’histoire militaires (Batailles, faits d’armes, héroïsme), repris par les médias, versant le plus souvent, pour pas cher, dans « un pathos de tranchée »voir l’excellente propagande du documentaire de France 3, : « La guerre de tous les Français“ . Ce film donne à voir une vision de la guerre où l’indécence de scènes rejouées au jeu expressionniste sont insupportable et où l’ombre du patriotisme le plus crasse, surgit en plein soleil. On assiste aussi comme depuis 1 siècle à la glorification des bouchers d’humains (Foch, Joffre, Nivelle, Pétain), et son instrumentalisation macronienne, pour plus d’Europe. (Elections Européennes de 2019 obligent). On est bien là, toujours, dans l’ingénierie du consentement, si bien décrit par de La Boétie jusqu’à E.Bernays en passant par W. Lippman et Gustave Le Bon, les pouvoirs usinent les sciences sociales pour une aliénation mentale de masse. L’orchestration est ici magistrale, et nous influence considérablement, même si la ficelle est un peu grosse. « Et je garde, au milieu de tant d’âpres rigueurs Mes larmes aux vaincus, et ma haine aux vainqueurs“ (4)

Non, contrairement à l’affirmation des pouvoirs publics (Etat et collectivités territoriales) contrairement aux médias dominants qui relayent cette abomination, la guerre de 1914-1918 n’a pas été un « suicide collectif » comme l’écrit, l’éditocrate du Daubé. Non Pétain n’a pas été un glorieux soldat. Non “la Nation combattante“ n’a pas exister ! Non l’idéologie du nationalisme haineux et meurtrier, tout comme sa version patriotique n’est pas, loin de là, la motivation et le carburant des peuples en temps de guerre, comme l’a démontrée, l’historien Frédéric Rousseau (5) Cette guerre comme beaucoup d’autre, à bien été préparée et voulue, par des politiques Français, (R.Poincaré etc..), Allemands, (Kaiser Guillaume /Hollweg etc….), des industriels, des médias, des intellectuels en vue de contraindre par la violence d’Etat et d’envoyer sciemment, à la boucherie, leurs propres peuples.`« Usiner la mort ».(6) Il faut dire que la guerre a bien des avantages pour les pouvoirs en place. Tout le long du XIX siècle le capitalisme et sa bourgeoisie ont été obsédés par leur disparition, sociale (révolutions) ou physique (Maladies/ Hygiénisme). Ils mettent alors en place, que ce soit en temps de paix (2,7 millions de morts /ans par le travail OIT/2017) ou en temps de guerre, des dispositifs de prévention et de régulation pour retarder l’échéance en quelque sorte. En temps guerre qui constitue une formidable opportunité pour eux; Il s’agit de pouvoir enfin : 1° Instaurer une dictature militaire (GQG) ici, avec Joffre comme commandeur suprême 2° Etablir la propagande et la censure à tous les étages. Fin de la liberté de Savoir, de Presse et d’Expression.Une sorte d’inquisition… mais républicaine Ouf ! 3° Faire taire les syndicats et rendre impuissante l’opposition politique (Union sacrée), Merci aux J.Guesde et M.Sembat, socialistes comme ils se doivent ! Pourtant, le 14 au 16 juillet 1914 au congrès extraordinaire de la SFIO J.Jaurès l’avait emporté sur J.Guesdes en faisant adopté une motion : « La grève générale ouvrière simultanément et internationalement organisée pour prévenir et empêcher la guerre et imposer aux gouvernements le recours à l’arbitrage ». Le 31 juillet 1914 Jean Jaurès était assassiné par le soit disant « dément » et bien nommé, Villain et surtout par la campagne de presse haineuse et bien d’autres …

Le 2 - 4 août 1914 Jouhaux secrétaire national CGT rallie les partisans de la guerre. Souvenir et hommage à Alphonse Merreheim secrétaire de la fédération des métaux qui s’opposa à cette décision et organisa la première manifestation pacifique en 1915…puis finira par rentrer dans le rang et dans le réformisme syndicale et politique. Le 4 août 1914 la SFIO rallie les va-t-en guerre. J.Guesdes et M.Sembat deviennent ministre. 4° Purger les classes ouvrières et populaires des éléments les plus radicaux, par leur disparition physique. Détruire et annuler les acquis sociaux. « Il n’y a plus de droits ouvriers, plus de lois sociales, il n’y a plus que la guerre » (7) déclarait Albert Thomas. 5° Engranger des profits énormes pour les firmes Chimiques, les Charbonnages, la Sidérurgie, l'Armement ou la Viticulture et les grossistes alimentaire. "Quand l'obus va tout va. » Albert Thomas, toujours lui, fidèle à la célèbre formule « Fort avec les faibles faible avec les forts » du haut de son influence dans les milieux socialistes et syndicaux et avec comme outil le tout puissant ministère de l’armement, va nouer avec les milieux du patronat des liens affectifs et efficaces pour la machine de guerre et pour les poches de ces industriels. Les Renault, les Wendel, les Citroën, les Schneider les Michelin, les Peugeot, Dassault , Air liquide etc…vont avoir comme jamais, les marchés ouverts, le pouvoir politique leur faisant couler à flot le robinet du crédit . Alors que le budget de l’Etat en 1913 s’élevait à 5 milliards de francs, le financement de la guerre d’août 1914- octobre 1919 a été 157 milliards de francs -or dont 60 milliards par les émissions des bons de la Défense nationale, endettant le pays pour plusieurs décennies, et accélérant considérablement les participations et les flux financiers entre la France, les banques londoniennes et américaines (JP Morgan) Si en 1916 la loi sur les bénéfices de guerre exceptionnels a constitué un signal important, l’historien François Bouloc,(8) a pu montrer que nombre d'industriels ont su et résister par les nombreux recours ( 68000 dossiers déposés) et “minimiser“ leurs déclarations fiscales.(9) Chez Schneider, selon, l’historien Claude Beaud, spécialiste de la multinationale.« Les bénéfices bruts déclarés de Schneider et Cie atteignent un maximum de 40% à la fin et au lendemain de la guerre et permettent de répartir pour les trois exercices de 1918 à 1920 des dividendes représentant le tiers du capital nominal ».

Avec l’armistice et ce trésor de guerre le groupe Schneider vas acquérir dés lors des actifs en Allemagne et dans l’ancien empire austro-hongrois, notamment les établissements Škoda en République tchèque. Associé à la banque d’affaires l’Union bancaire et parisienne (aujourd’hui absorbé par le Crédit du Nord, filiale de la Société Générale), Schneider fonde en 1920 une puissante holding pour gérer ses participations en Europe de l’Est, « l’Union européenne industrielle et financière » (10) …Ah ! Déjà l’Europe ! Notons que faute de main d’oeuvre, les hommes étants au front, des flux migratoire furent organisés en direction des populations asiatiques. Ainsi Chou en Laï, futur dirigeant du Parti Communiste Chinois et Ho Chi Minh, dirigeant du PC vietnamien, travaillèrent dans les usines Renault. Rappelons la condition d’exploitation terrible des femmes dans cette organisation de l’économie de la guerre, qui semble pour les capitalistes être une époque bénie. Côté allemand aussi, on s’organise. Début octobre 1914 une commission destinée à développer des gaz de combat est lancée. Carl Duisberg, le patron de l’entreprise chimique Bayer en prend la tête (9). En Allemagne, une commission parlementaire à partir de 1916, établit que les seize plus grandes entreprises houillères et sidérurgiques allemandes ont multiplié leurs bénéfices par au moins huit entre 1913 et 1917 ! Près de trois-quarts du chiffre d’affaires de Bayer, qui produit notamment le tristement célèbre gaz moutarde, vient de ses productions de guerre. Le fabricant de canons Gustav Krupp et l’industriel des mines et de l’acier Hugo Stinnes font de même. Des épopées industrielles vont naître à la faveur du conflit : BMW se lance en 1917 en fabriquant des moteurs pour les avions de combats. L’économie de guerre et les profits qu’elle génère se globalisent. Au Royaume-Uni, la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell grandit également à la faveur du conflit. Elle approvisionne en essence le corps expéditionnaire britannique envoyé sur le continent. Shell fournit aussi 80 % du TNT utilisé par l’armée. À la fin des années 1920, Shell devient la première compagnie pétrolière mondiale. Les sociétés coloniales explosent aussi leurs développement et leurs profits. Les sociétés européennes de la Chimie, (Bayer, BASF et Hoechst,) et Américaines continueront leurs traites humaines, leurs massacres et les tueries des humains en masse sans aucun souci, tout le long du XX siècle, participant sans aucun problème au génocides des populations Paraguayennes, Rifaines, Juives et Tziganes.

« Se peigner au sang pour des ordures . C’est la tragédie foire d’empoigne ! Récupérer ou mourir ! » LF Celine (11) L’histoire et la justice sont-elles passées ? Non ! Rappelons que c’est Mosanto, qui a fournit les gaz Sarin et l’agent orange déversé par millions de litres par JFKennedy et Robert Nixon, sur le Vietnam. C’est bien entendu Mosanto qui en temps de paix a aussi empoisonné, avec l’aval des politiques, des centaines de millions d’humains sur la planète. Ont-ils été inquiétés une seule fois pour crime contre l’humanité ? Non ! Par contre les bouchers d’humains (Poincaré, Foch, Joffre, Nivelle, Pétain etc…) non content d’avoir emmené à l’abattoir des millions d’hommes de femmes et d’enfants, ont aussi fusillés sans états d’âme, les récalcitrants et rebelles en tout genres. Rien qu’en France, 6000 soldats passèrent devant les juridictions d’exception, 2500 furent condamnés à mort et 639 Fusillés pour l’exemple. Pétain prend soin d’écrire (le 7 juin 1917), à Painlevé « Je demande l’exécution d’urgence de Brunet et Bruat, exemples indispensables en raison entente avec hommes régiments voisins ». La justice n’est toujours pas passée pour eux, mais bien au contraire ils sont, en 2018, toujours célébrés et glorifiés. Si en temps de guerre, “le régime démocratique“ est mis en suspension, force est de constater que le capitalisme et la bourgeoisie qui le sert, tournent eux à plein pots. Pour eux la guerre …une vraie civilisation …c’est Byzance ! Ne nous étonnons donc pas que cela puisse continuer comme avant. La guerre comme les camps n’apprennent rien, dans le sens où ils ne constituent pas contrairement aux idées reçues, une pédagogie. Ne nous étonnons donc pas que en temps de paix comme en temps de guerre, où en temps de gavage mentale de fables historiques, les peuples ne croient pas ces discours, ces institutions, ces hommes politiques. Construire le “vivre ensemble’ qu’ils disent…les bases ne sont toujours pas là. Parce que l'histoire, individuelle comme collective est au coeur de la construction de nos identités, il ne peut y avoir d’Europe, ni de société en paix sans histoire et justice pour et par les peuples !

Seules les peuples en marche et réellement aux pouvoirs pourront l’imposer un jour. C’est bien fini, c’est pour toujours De cette guerre infâme C’est à Craonne sur le plateau Qu’on doit laisser sa peau Car nous sommes tous des condamnés Nous sommes les sacrifiés Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront Car c’est pour eux qu’on crève Mais c’est bien fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève Ce s’ra vot’ tour messieurs les gros D’monter sur le plateau Et si vous voulez faire la guerre Payez-la de votre peau La Chanson de Lorette dite de Craonne 1-Lettre de Marcel Proust le dimanche 2 août 1914 2-Adrien Goetz Intrigue a l'anglaise . 3-Article de B.Girard , Blog Médiapart, le 4 novembre 2018 Pierre Corneille, Horace. 4-La guerre censurée, Frédéric Rousseau. Le Seuil, 2014 5-Blaise Cendrars, La main coupée 6-Discours du 13 janvier 1915 Albert Thomas ,Normalien, Agrégé de philosophie,Syndicaliste disciple de Jaurès et militant socialiste du mouvement coopérateur qui devint secrétaire aux fabrications de guerre. 7-Les Profiteurs de Guerre (1914-1918) de François Bouloc. 8-La Fin d’un monde Philippe Bernard Seuil/histoire  9-Article : La Première Guerre mondiale, passé refoulé de l’industrie chimique européenne par Rachel Knaebel publié sur Basta 10-Casse Pipe. Louis Ferdinand Céline Photo n°1 Joffre, Renault, Foch, Painlevé, Nivelle, Le comité des Forges, Pétain, Krupp, Schneider Photo n°5 Otto Dix Photo n°6 Fusillé pour l'exemple

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