VOTEZ !

Nous continuons la série d’article autour des trois instances du vote électoral. Après “Abstenez-vous !“ Et en attendant : “Exprimez-vous ! “Voici le moment : “Votez ! “ “ Allez vous voter ? “ “Hâtez-vous d’allez voter ! “ “ Avez vous été voté ? “ Voilà ce que l’on pourra entendre le dimanche 15 mars 2020, comme tous les jours entourant les jours d’élections. Voter nécessite effectivement de se déplacer au bureau de vote, lieu symbolisant par excellence la croyance dans le plus haut geste démocratique et républicain. Ce qui le distingue principalement de l’abstentionniste, “abs-tineo“ celui qui se tient éloigné, se tient à l’écart.   Ainsi, par le simple franchissement du seuil du bureau de vote, d’inscrit, le citoyen devient par cet acte un votant. Il entre dans un rituel quasi religieux. Une croyance d’abord ; Que cette liberté électorale, I(illusoire ?) lui garantisse, constitutionnellement un pouvoir politique.Diantre ! Pouvoir, qui comme chacun le sait selon le catéchisme ambiant “si on ne l’exerce pas…ne nous étonnons pas de ce qui va arriver“ ou encore «  des gens sont morts pour cela » Imparable ! Peut importe que l’histoire des deux siècles qui viennent de se passer (excusez du peu) démontre dramatiquement le contraire à savoir ; Que dans ce cadre constitutionnel organisé par les puissances de l’argent, l’individu n’est au final qu’isolé et impuissant et donc fortement influençable, si ce n’est manipulable (“La fabrique du consentement“ W.Lippmann/E.Bernays) ou comme le disait déjà le grand Karl un “souverain fantomatique“. Mais ne décourageons pas le citoyen dominical et poursuivons notre observation quasi entomologiste. La messe républicaine va avoir lieu. D’entrée, un trio ou un quatuor officient derrière un autel. Les primo arrivants s’empressent de le rejoindre. Tabernacle ! comme disent nos cousins d’Amérique. Première erreur. Mais les gardiens de l’urne veillent. Rappelons que nous avons en face de nous un président (malgré que ce soit une élection municipale tout bureau de vote a quand même un président, mais il n'est pas de la republique ). ll y a aussi un secrétaire et des assesseurs (qui précisons le, n’est pas le féminin d’assassins et donc ceux ne sont pas nécessairement des religieuses fumant du haschisch)

Bon, dans tout les cas, la maladresse est vite corrigée par les officiants qui nous redirige vers la table de décharge.Ici pas de jeu de mots douteux de ma part. Mon mauvais esprit n’est ici aucunement responsable ! C’est pas moi qui le dit c’est le code électoral . C’est bien le nom officiel ; table ou se trouve les bulletins des candidats. Ah oui !j’oubliais, l’inscrit/citoyen une fois dans le bureau est soumis à un code. Après celui du travail ou du non travail, en semaine, celui de la route, de la consommation etc… Les dimanches de vote ont aussi sous le coup d’un code. Cela commence a ressembler a un dimanche après midi …de chien ! Bon revenons à notre table de décharge des candidats. Là comme pour des ablutions, nos mains saisissent le portrait des postulants, sorte d’apôtres de la démocratie, ainsi qu’une enveloppe... Un peu d’attention car nous rentrons, ici, petit à petit dans le dur du processus, où semble se greffer aussi une pratique épistolaire. Pour beaucoup d’entre nous, avouons le, nous découvrons à cette occasion, sur cette table, les visages mais aussi l’ampleur des messages messianiques, apocalyptiques ou soporifiques, selon. Au bout de ce chemin de choix, nous rejoignons le confessionnal, qu’ils appellent l’isoloir (Le citoyen isolé vous vous rappelez). Etrange lieu, quadrilatère de simple toile qui nous sépare de nos voisins, où se trouve une tablette, une poubelle.... Nous ne pouvons qu’apercevoir les pieds de nos voisins. Cela nous influencera t-il, dans le dilemme qui nous assaille ? Pour certains, la certitude est au rendez-vous, puisqu’ils n’ont pris qu’une seule proposition, celle de leur champion. D’autres doute, d’autres ont la révélation, d’autres tracent de mystérieux signes, d’autres fouillent la poubelle. De toute façon, tous, respecterons la consigne, refermer l’enveloppe. Une chose est sûr, nous ne sortirons pas de cet endroit, comme nous y sommes entrés. Une incorporation s’est réalisée. Nous nous sommes crû seul ....et il y avait quelqu’un.En cet instant nous sommes intensément avec lui ou avec notre choix. Selon l’heure de notre présence dans le bureau, nous ne sommes pas seul, non plus, à être chargé d’un tel poids, à être porteur d’une telle missive, puisque nous nous trouvons, les uns derrière les autres, en fil indienne, avançant solennellement et inexorablement vers l’autel, alors que les assesseurs psalmodient des mots, toujours les mêmes depuis des heures (Ils ont, quand même, un peu fumé ) Tout en m’avançant je cherche du regard Amerigo Ormea. Ne serait -il pas entrain de nous observer nous aussi ? Ne serions nous pas à Cottolengo ? À ce stade, si nous avons un doute, sur le contenu de la lettre, il est rare que nous rebroussions chemin.Sortir de la file à toujours un coût ! Le contrôle social veille. Puis quand vient notre tour, nous échangeons des paroles magiques, qui permettent de bien savoir que nous sommes bien celui que nous sommes et ceci aux oreilles de tous. Nous qui pensions être ici incognito. Puis nous devons apposer notre sceau entre des lignes, dans un tableau, qui à ce moment même, nous rappelle notre appartenance à la multitude. Nous ne sommes définitivement pas seul… Le moment de vérité est devant nous, sous la forme d’un cube transparent, que surplombe un mécanisme et une fente. Tout au dessus se tient le Président de cette cérémonie.(Non ! Ce n’est pas Macron, suivez un peu, nom de dieu!). Il est impassible, docte. Hiératique, le gardien nous fixe intensément, nous indiquant clairement que nous ne pourrons pas emporter cet objet chez nous, pour lire tous les courriers contenus Dans ce petit jeu, le : Je, Nous... flexion de la main. Ouverture des doigts. Aussitôt notre obole tel le papillon se dépose sur le tas d’enveloppe au fond de la boite. Nous avons, ainsi, rejoint la masse. “A voté“ s’exclame le président. Clap de fin, votus interromptus. Expulsion du bureau vote. Notre présence insistante dans ce lieu, deviendrait rapidement suspecte aux yeux des assesseurs futurs scrutateurs du soir. Nous venons de nous prononcer pour un des candidat-es ou pour un bulletin blanc (1) ou un bulletin nul. Venons nous de participer de la geste démocratique ? ….De l’acte électoral indéniablement. Dehors, un doute circonstancié nous envahit : avons nous bien voté ? Nous venons certes de rejoindre une multitude, une masse de votants. Mais est-elle agissante? Un doute existentiel nous taquine sans cesse, cela va t-il changer quoique ce soit pour les classes populaires, les classes moyennes ? Les “abs-tineo“ eux répondent de plus en plus massivement NON, à cette question.

« Vous nous avez tués au nom de la liberté La démocratie n’est pas le droit de vote mais la liberté de savoir et la connaissance basée sur le fait de savoir. Votre démocratie est le moyen de supprimer la vérité et de jeter la liberté en prison Quelle est la liberté que vous m’avez donnée ? Deux poignées de cendre . Où est la liberté là-dedans ? » Edouard Bond Rouge Noir et Ignorant, Les pièces de Guerre (1) Réaffirmons ici la forte dimension politique du vote Blanc, qui devrait être comptabilisé avec le “vote exprimé“ et qui en est banni depuis Napoléon et tous les pouvoirs qui le craignent comme expression de contestation politique. « Dès le le 13 juillet 1880, une proposition de loi demandant sa reconnaissance, était déposée à l’Assemblée nationale. Le quinquagénaire et député du Puy-de-Dôme, Agénor Bardoux, en est l’auteur. «Peu importe qu’aucun candidat ne convienne, mettre dans l’urne un bulletin blanc c’est voter», écrivait-il. Par ce fait il deviendra la référence de tous les partisans du vote blanc. Au passage rappelons que Bardoux, est l’arrière-grand-père de Valéry Giscard d’Estaing (président de la République de 1974 à 1981).La dernière proposition de loi demandant la reconnaissance du vote blanc a été déposée par Jean-Noël Carpentier, radical de gauche, le 31 mai 2016. Le petit bulletin vierge, ou l’enveloppe vide, a même eu un candidat à la candidature. Stéphane Guyot, le président du Parti du vote blanc s’est lancé dans la campagne électorale mais n’a obtenu que 9 parrainages. Il voulait incarner le vote blanc et invitait ses éventuels électeurs à voter pour lui ». (article de Léa Sabourin Libération 6 mai 2017)

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