Alerte sur les conditions inhumaines des enfermés aux centre de rétention de St Exupéry

Merci à Marcelle pour cette alerte La ligue des Droits de l’Homme nous alertait la semaine dernière sur les conditions des “retenus“ du centre de rétention administratif de St Exupéry. Ce centre dont la “gestion“ a été confiée à l’association Forum Refugiés, compte 127 personnes incarcérées. Onze personnes ont été testées positives au Covid 19. Plusieurs autres sont malades mais se voient refuser tout rendez-vous avec le médecin depuis plusieurs jours. Ils sont 4 à 5 par chambre, sans masque, aucune mesure sanitaire n’est prise pour protéger et soigner les personnes, et les violences policières et les insultes continuent… Les prisonniers sont en grève de la faim depuis trois jours pour exiger leur libération immédiate. Les organisations ont alerté, le contrôleur général des lieux de détention pour intervention en urgence. Ils ont envoyés une lettre au préfet de la région Rhône -Alpes, et prévenu les médias. La Tvnet Citoyenne, vous livre ici , deux types d’informations. D’une part nous publions ici les témoignages brut des détenus que les organisations ont pu recueillir. Et d’autre part nous renvoyons à l’excellent article de  Yannick Kusy, pour Fr3 Clermont Ferrand “Bonjour. Moi je m’appelle X. ça fait 25 jours que je suis au centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. le truc là, ça va être mal tous les jours. Les gens qui ont attrapé le coronavirus ici, déjà y’a 11 personnes positives. Et aujourd’hui ce matin on s’est réveillés, ils ont amené deux personnes en isolement. Ils ont dormi à côté de nous et tout. Et là on demande le droit à parler avec la police, parler avec les gens, lancer à l’extérieur comme quoi il y a le coronavirus ici. Y’a pas de moyens sanitaires, rien, et la liberté, rien. Le policier il m’a dit nous on s’en fout. Il m’a dit « moi je travaille, mon travail ici 8 heures, après je pars je m’en bats les couilles de ce qu’il se passe ici ». La grève de la faim, ça fait trois jours, y’a personne qui est venu nous voir, y’a personne qui a parlé sur nous, ya personne qui a… du tout.

y’a quelqu’un, mon copain, il a mal au dos, ça fait quatre jours, je sais pas combien de temps. y’a personne qui l’a cherché. y’a mon copain, il a une opération de l’épaule, avec les papiers de l’hôpital comme quoi il a un rendez-vous pour l’opérer à l’épaule. il voulaient pas le sortir pour opérer. Moi personnellement j’ai trois gamins français, ma femme française, je travaille. je suis en CDI et tout et là ils me ramènent ici au centre de rétention, ils m’ont pas libéré, je sais pas pourquoi. Là ça devient compliqué trop trop. y’a des gens ici… moi personnellement si j’avais pas mes enfants je penserais à me suicider ici. y’a beaucoup de gens aussi ici ils pensent à ça. y’a quelqu’un avant-hier il a bu la javel pour se suicider. on l’a sauvé. on l’a pas laissé boire la javel. Ici y’a pas de droits de l’homme, y’a personne qui a parlé sur nous, ils parlent avec nous comme des chiens. on a des habits sales. y’a pas de nettoyage dans la chambre. on est 5 personnes dans une chambre de quatre mètres sur deux. La police vient, elle parle mal, elle dit « ferme ta gueule, ferme ta gueule la pute, ferme ta gueule sale pute ». Ils taillent, ils respectent pas le comportement des gens, ils respectent rien. Et là ça va compliquer, c’est compliqué. ça fait trois jours qu’on est en grève de la faim, y’a des gens ils sont quatre dans leur chambre. y’a des gens qui sortent pas de leur chambre. On a attendu qu’il y ait des gens de l’extérieur qui nous aident. S’il vous plaît. Et personne ne nous a aidés, à part les journalistes, à part vous, à part les journaux, à part ça y’a personne. Et y’a pas de droits pour voir la famille, y’a pas de visites. On n’a pas de visites, on n’a pas le droit de voir la famille, on n’a pas le droit pour voir les gens de l’extérieur, y’a personne. Et en plus on fait les papiers ici pour faire l’appel, pour appeler l’avocat, ils voulaient pas. La cabine de téléphone, le fixe. Quand y’a des gens ils ont pas de téléphone ici pour appeler l’extérieur ou les gens de leur famille, y’a pas la cabine de fixe. Elle marche pas la cabine. Et voilà, s’il vous plaît, aidez-nous.

On est 127 personnes dans le centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. Il y a des gens handicapés. Il y a des gens qui ont attrapé le coronavirus depuis une semaine ils sont là ici avec nous. Ils les ont amenés en isolement, ils sont sortis positifs, ils les laissent dans notre chambre, avec nous. Y’a pas le moyens sanitaires. Y’a pas de masques, ils donnent pas de masques. Ils donnent pas les produits pour sanitaires pour se laver les mains, pour ça y’a rien. Les shampoings ils donnent des tubes, ils donnent des sachets de shampoing, des petits sachets comme ça. tu les mets sur tes cheveux, tu sais pas si t’as mis du shampoing ou si t’as mis de l’eau. En plus on n’a pas de droits de rien. on sent qu’on est… c’est pas la France… c’est la France qui dit liberté égalité fraternité ? Nous on voit pas ça. En vérité on voit pas ça. L’association, à part Forum le jour quand tu rentres ils te donnent le papier, les règles de là-bas, il dit ramène moi le papier parce que demain tu passes au juge nanana. Après demain, après je sais pas quoi, y’a rien, c’est bon. Ils nous aident pas. Même faire une photocopie on n’a pas le droit. ça fait quatre jours que je demande un rendez-vous au médecin, y’a pas de place. Ils me disent le médecin accepte que les gens qui sont rentrés aujourd’hui, les nouveaux. Il accepte pas les anciens. J’ai dit moi je suis ancien je suis nouveau c’est pareil ! je suis malade. il me dit non, on n’a pas le droit, on n’a pas ça. J’ai dit je suis malade je tousse, ça fait trois jours j’ai la gorge… les gens qui ont le coronavirus ils étaient avec moi, je suis malade. Ils me donnent pas de rendez-vous, non. Ils me parlent mal, même le médecin ici il parle mal, il me dit on n’a pas ça, on n’a pas ça. Si tu parles mal avec lui il va appeler la police. La police va t’amener à l’isolement. Les assistantes sociales ici elles font rien. Y’a pas d’assistantes sociales ici du tout. Y’a que Forum pour faire les papiers. Pour envoyer les papiers au juge et c’est tout. J’ai la toux ça fait trois jours. Ils donnent pas de médicaments. Moi j’ai dit je passe pas chez le médecin mais donne moi juste des sachets pour la toux. Que j’achète moi. Ils me disent non, t’es pas dehors, t’es au centre. Normalement on a le droit à la visite une demi-heure par jour, chaque personne. Et les policiers ils disent non on fait pas les visites comme ça eux ils travaillent pas beaucoup. Ils disent qu’il y a un papier, du juge je sais pas quoi, qui dit qu’ils ont arrêté les visites. J’ai dit montre nous le papier! montre nous le papier qui interdit les visites, on va regarder. on va lire, moi je lis je crois mes yeux, donne moi le papier, je regarde. si y’a pas de visite ok. si vous me dites le juge a envoyé les papiers comme quoi y’a pas de visites par rapport au covid 19, vous nous montrez pas le papier, comment ça se fait. Il dit « non je te montre pas les papiers ». Tu sais en fait y’a un groupe de la police ils laissent la visite, et l’autre groupe il laisse pas la visite. Un groupe laisse la visite, un groupe il laisse pas. C’est comme ils veulent. ça veut dire si ils sont pas contents y’a pas de visite, si ils sont bien dans leur tête et tout ils laissent la visite.

Je te jure, j’ai trois enfants, je pense à mes enfants ici. mes enfants français, ma femme française. Je pense à eux. sinon je vais être suicidé ici. je suicide ici, je te jure je suicide ici. J’ai pas pu faire de test, ils voulaient pas me ramener au médecin, ils voulaient pas me proposer de test ni rien. Ils veulent pas. j’ai demandé le médecin, ça fait trois jours, ils voulaient pas. si j’ai le coronavirus, je suis déclaré à personne. Les gens qui sont positifs ils sont ramenés de l’isolement après ils sont ramenés avec nous. Nous on a parlé on a dit monsieur ils ont le coronavirus, ils ont dit non non y’a pas de place. Là-bas c’est le quartier des femmes, on peut pas laisser les gens à l’isolement là-bas. Ils ont dit « débrouillez-vous, marchez pas à côté d’eux c’est tout ». y’a pas d’expulsions en ce moment. Les frontières algériennes, tunisiennes, marocaines : fermées. les frontières fermées. Ici y’a que les gens albanais qui sont expulsés. Mais nous, les frontières sont fermées. J’ai le droit de sortir. j’ai tous les papiers pour sortir. j’ai ma carte de séjour qui est valable. j’ai tout ça. Pourquoi ils nous libérent pas ? ils te ramènent ici pour ouvrir le centre, pour faire tavailler les policiers et pour donner à manger, pour payer les autres pays. parce que c’est les étrangers qui payent les habits, les serviettes, c’est eux qui payent. Eux ici ils disent que si on ferme le centre on va tomber dans la galère ou… les marchandises marchent pas nanana… c’est politique. C’est politique. […] On va compter sur vous pour le moment. y’a 11 personnes qui sont positives ici. si ils ramènent des gens de l’extérieur, je te jure le centre il va être fermé. Parce qu’ils ont pas le droit de nous garder comme ça. Sur la tête de mes enfants, y’a plein de gens qui sont positifs ici. je te jure. Je jure pas sur la tête de mes enfants pour rien. […] Marié avec une Française, trois gamins français. Mes enfants, tous français. J’ai des fiches de paye, je travaille dans une usine. Et je suis là. y’a des gens qui ont des papiers et ils sont là. Ils ont fait n’importe quoi, je sais pas qu’est-ce qu’ils cherchent. […] On fait la grève de la faim depuis trois jours on n’a pas mangé, y’a des gens qui sont tombés dans les pommes et tout. La police leur a dit va manger va manger, ils ont dit « je préfère la mort je mange pas ». « je préfère la mort ». Ils te taillent, ils te frappent, ils te parlent mal. si tu parles mal, si tu réponds, la police taille mais toi t’as pas le droit de répondre. si tu réponds tu vas à l’isolement. C’est pas tous, même le monde, c’est pas tous méchants, c’est pas tous bien. mais ici 98% des gens de ce centre c’est tout le travail qu’ils font, ils sont méchants avec nous. imagine, je suis dans mon lit, je pense à mes enfants, ma femme, pour les voir, pour sortir, pour au moins la visite. y’a un policier le soir il vient me voir il me dit « donne moi ta carte sale pute ». y’a des copains normalement ils ont une opération. ils doivent être opérés. y’en a un c’est la police qui a cassé son bras. ils ont serré les menottes, il a pas dit au médecin comme quoi c’est la police qui a cassé son bras. et le médecin quand il a fait la radio il a dit « normalement tu vas sortir en urgence pour faire une opération de l’épaule ». après quand il a dit à la police « je vais sortir le monsieur pour faire une opération de l’épaule » la police elle a dit « non on n’a pas le droit d’amener les gens à l’hôpital ».

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