
Macron a ouvert le marché de noël chez les dictateurs arabes pour près de 42 milliards €
Ce chiffre énorme, surtout pour les poches des actionnaires des multinationales bénéficiaires (Total, Dassault, Safran etc..), n’est que la suite des relations troubles et indigestes avec les monarchies du golf, depuis près de 50 ans (voir notre chronologie des relations entre la France et l’Arabie Saoudite).
Mais revenons à ce week de rêve, où nos entreprises Françaises (monsieur !) avec notre dealer en chef ont pris un shoot qui va propulser, n’en doutons pas, notre Papa Noël Macron, dans une réélection assurée.
Rappel des faits :
Les 3 et 4 décembre 2021, le commercial (number one au tableau du mois) de la Nation Startup, accompagné par un aréopage de ministres et de ses patrons, Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Économie), Florence Parly (Armées) Roselyne Bachelot (Culture) et Franck Riester (Commerce extérieur), ainsi que des patrons de grands groupes, comme Airbus, Thalès, Safran, Air Liquide ou EDF, on fait une razzia, chez les dictateurs arabes (Emirats/Quatar/Arabie Saoudite) voici la liste des courses :
Commençons par la filière aéronautique française qui a fait carton plein : 80 Rafales, (14 milliards €) 12 hélicoptères militaires (465 millions €) le nouveau système d’information au combat scorpion, mais aussi 26 hélicoptères civils (330 millions €) Du côté d’Airbus et des moteurs d’avions pour Safran (7,5 milliards €) Sans oublier des contrats pour Air Liquide(100 millions €) Véolia (1,5 milliards €) dans les secteurs des énergies fossiles et de la culture (165 millions €) Rappelons que le Louvre d’Abu Dhabi (EAU) c’est 1 milliards € de recette .
Rien que les 2 contrats signés avec CFM International ( moteurs d’avions maintenance) se montent 3,6 milliards €. Total pour un montant de 1,5 milliards €
Un “Pôle Hydrogène Vert“ (Engie-Masdar) pour 4,4 milliards €
De plus ces pays, via par exemple des fonds de souverain émirati, vont investir dans “France 2030“ autour de 8 milliards € (Les Echos).




Quelques données :
La défense et l'armement ainsi que la sécurité constituent le premier poste de dépense du budget global de l'Arabie saoudite, qui consacre officiellement 10 % de son PIB au budget militaire, en nette augmentation depuis les années 1990
L’Arabie saoudite est le premier client de la France en termes de contrats militaires.
L’Arabie saoudite est le premier fournisseur de pétrole de la France tandis que cette dernière est le 3ème investisseur étranger dans le royaume avec un stock d’investissements directs étrangers (IDE) de plus de 15 milliards de dollars. L’Arabie saoudite est devenue le premier partenaire commercial de la France dans le Golfe et le deuxième au Moyen-Orient.
Les produits pétroliers (hydrocarbures naturels et produits pétroliers raffinés) ont représenté 93,8% du total de nos achats.
En 2020 : Les exportations de biens vers l’Arabie saoudite ont diminué de 22%
Les importations en provenance d’Arabie saoudite ont atteint 2,6 Mds € en baisse de 60% par rapport à 2019 (6,7 Mds€). Cette baisse de 4,1 Mds € est due aux effets conjugués de la baisse des prix du baril de pétrole et de la forte contraction de l’activité économique en France.
Les livraisons d'armes de la France à l'Arabie saoudite n’ont cessé d’augmenter
La France dépêche régulièrement des unités du Commandement des opérations spéciales (COS) en Arabie saoudite pour former les forces spéciales saoudiennes. Elle leur fournit également des équipements tactiques de pointe.
Relations historique entre la France l’Arabie Saoudite
Quelques dates :
Mars 1926 La France reconnait la souveraineté saoudienne, avant la date de son indépendance
1932. déclaration officielle d’indépendance de l’État saoudien
1967-1973 Les liens entre la France et l'Arabie saoudite s'intensifient et s'étoffent notamment autour du conflit israélo-palestinien où la France se range aux côtés de la cause palestinienne tandis que les États-Unis, alliés historiques des Saoudiens, se rangent du côté israélien.
Octobre 1973
A la suite direct de la guerre et du Premier Choc Pétrolier, Pierre Messmer, alors Premier ministre, va, en passant outre les canaux diplomatiques traditionnels, traiter directement avec le roi Fayçal d’Arabie pour s’assurer des approvisionnements en pétrole français. Il mandate le général Hugues de l'Estoile alors directeur des affaires internationales au ministère des armées pour négocier ce memorandum. Ces entrevues secrètes aboutissent à ce que le Premier ministre appelle "une coopération importante et de longue durée".
L'accord est divisé en deux. :
1-Un contrat cédant aux deux sociétés françaises Elf-Erap et la CFP 27 millions de tonnes de pétrole à livrer de 1974 à 1976, « pour un prix raisonnable ».
2- Un deuxième accord, plus important prévu de 1977 à 1990 qui prévoyait la fourniture par l’Arabie Saoudite à la France de 35 à 60 millions de tonnes de pétrole par an.
En contrepartie, les compagnies pétrolière françaises iraient construire, en Arabie Saoudite, une raffinerie d’une capacité de 10 millions de tonnes, gèreraient le transport des produits raffinés, construiraient des installations pétrochimiques et lanceraient des recherches minières. Le mémorandum est signé le 30 novembre 1973. Mais la nature de ces accords est révélée par Henry Kissinger qui dévoile la coopération secrète et critique publiquement la France, qu’il dénonce vouloir rompre la solidarité européenne.
1970,
À partir de ces années la France et l’Arabie saoudite commencent à développer une coopération tant militaire qu’économique et nucléaire.
20 novembre 1979. Un événement va sceller fortement cette coopération : La prise de la Grande Mosquée de La Mecque.
Le roi sollicite l’aide du GIGN français afin de collaborer avec les forces de sécurité saoudiennes.
À la suite de cet évènement, des contrats militaires tels que Sawari 1 (modernisation de sa marine) sont mis en place dans les années 1980.
6-28 septembre 1981 Première visite officielle à l'étranger du président François Mitterrand
La France des années Mitterrand doit faire face à trois dévaluations, 1981, 1982 et 1983 et pour contrer les effets de la spéculation le président français contracte un emprunt « secret » à l’égard de Riyad.
11 septembre 2001, à la suite des attentats de New York les relations américano-saoudiennes se dégradent fortement.
mars 2006, Jacques Chirac se rend à Riyad au moment où les relations entre l'Arabie saoudite et le reste du monde sont fragilisées, et réaffirme son soutien à Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud15.
2007-2012 Nicolas Sarkozy marque des liens extrêmement étroits avec Doha (Quatar) ce qui refroidi, compte tenu de la rivalité entre le Qatar et l’Arabie saoudite, les relations entre le royaume et la France
Novembre 2012. Le premier déplacement de François Hollande au Moyen-Orient sera à Riyad.
Le roi Abdallah furieux du renoncement américain de l’intervention en Syrie a trouvé en Paris un allié sur les dossiers de la région.
Lorsque Laurent Fabius s’est opposé un peu plus tard à la signature de l’accord sur le nucléaire iranien estimant qu’il était trop favorable à Téhéran, là encore les Saoudiens ont été plus que satisfaits de la position de la France car l’Iran est leur ennemi et qu’ils sont extrêmement inquiets des conséquences de cet accord sur le devenir du Golfe.
En remerciement, les Saoudiens ont alors promis d’investir en France et ont accepté de financer l’achat par le Liban de 3 milliards d’euros d’armes françaises. Lors de son deuxième voyage dans le royaume saoudien fin décembre 2013, François Hollande s’engage en effet à « satisfaire » les demandes d’armement de l’armée libanaise car le pays connaît des violences .
Janvier 2015, après, la mort du roi Abdallah, les Français se demandent si les promesses seront suivies et si la nouvelle équipe suivra la même orientation.
Le président Hollande fait alors le déplacement à Riyad pour saluer un dirigeant qui, selon lui, a « profondément marqué l’histoire de son pays ». Les Français sont rapidement rassurés car Riyad permet à l’Egypte d’acheter 24 Rafale en renflouant les caisses du Caire.
Mai 2015
F.Hollande se rend une quatrième fois dans le royaume en tant qu’invité au sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
C’est la première fois qu’un président de la République française est invité d’honneur dans cette enceinte et jamais le CCG n’a réservé un accueil de cette nature à un dirigeant de pays ami.
Résultats contrats de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
2017-2021 : Coup de froid entre Ryad et Paris
Depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, "Le courant n’est pas passé entre le président et Mohammed ben Salman (MBS), le prince héritier", reconnaît un diplomate français dans le Golfe. (Challenges mars 2021) Contrairement à ses prédécesseurs, le chef de l’Etat ne s’est pas rendu en voyage officiel dans le royaume, mis à part une visite éclair à Riyad en décembre 2017.
Mais c’est bien le Quatar qui est le partenaire privilégié de la France.
2018 Assassinat par les hommes Mohammed ben Salman (MBS) du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul, ce qui a fortement terni l’image de MBS.
La presse relève en 2021 qu'une proche conseillère du Premier ministre Jean Castex avait dirigé une opération de lobbying en faveur du royaume saoudien entre 2016 et 2020 (2)
L’Arabie saoudite et ses alliés sont soupçonnés de crimes de guerre contre la population du Yemen
L’ONG Human Rights Watch (2/12/2021) a estimé que « les ventes d’armes et le maintien de partenariats militaires douteux au nom du contre-terrorisme et au détriment des droits de l’Homme allaient rester comme une tache sur le bilan diplomatique d’Emmanuel Macron ».
3-4 Décembre 2021 Les 48 h chrono du Père Noël Macron chez les Tyrans Arabes :Tournée Quatar, Emirats Arabe Unis, Arabie Saoudite .
Le 3 décembre 2021 la France Dassault annonce la signature d’un contrat de livraison de 80 rafales au Emirats Arabe Unis pour un montant de 14 milliards euros. La vente de douze hélicoptères Caracal fabriqués par le groupe Airbus a également été également conclue.
Ce qui clos un cycle de discussion entamé par N.Sarkozy
Notes et Sources :
Antton Rouget, « Affaire Khashoggi: la responsable communication de Castex était chargée de redorer l’image de l’Arabie saoudite » [archive], sur Mediapart, 2 mars 2021
Le wahhabisme, rempart ou inspirateur de l’État islamique ?
Paris et Riyad : un « partenariat de référence »
https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2016-1-page-95.htmconfluences-mediterranee-2016-1-page-95.htm
France Info :
https://www.francetvinfo.fr/politique/visite-fructueuse-de-francois-hollande-en-arabie-saoudite_1693123.html
Direction Générale du Trésor
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/SA/les-relations-bilaterales-entre-la-france-et-l-arabie-saoudite
Le Parisien
https://www.leparisien.fr/economie/les-emirats-signent-un-accord-avec-la-france-pour-lachat-de-80-rafale-03-12-2021-5V7SF3TPGJDF3N5LPJCYZALJQQ.php
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